Bonjour,
Vous vous êtes livré à un travail de recherche bibliographique approfondi et "malheureusement", vous êtes confronté à une difficulté majeure de la médecine : elle n'est pas une science exacte si bien que les points de vue peuvent différer sur bien des sujets d'un médecin à un autre. C'est le cas du cancer de la prostate pour lequel les avis peuvent diverger entre surveillance active et traitements, et entre traitements (chirurgie radicale ou radiothérapie et/ou hormonothérapie).
Je ne suis pas spécialiste du cancer de la prostate, je ne me hasarderai donc pas à vous orienter vers une option plutôt qu'une autre. Je pense juste qu'un second avis urologique pourrait vous aider dans votre prise de décision.
Deux remarques toutefois: 1- l'option de la surveillance active est généralement influencée par l'espérance de vie, quand celle-ci est inférieure à 10 ans, ce qui n'est pas votre cas. 2- la chirurgie (prostatectomie), si le cancer est strictement intraprostatique (pas de franchissement de la capsule), doit pouvoir préserver les bandelettes vasculonerveuses et donc avoir peu d'effets secondaires. Evidemment, l'expérience du chirurgien est également une donnée à prendre en compte !
Cordialement
Dr Marceau
Je suis un homme de 63 ans. À un examen annuel de routine, on m'a référé à un urologue étant donné mon taux PSA de 4,75. L'urologue m'envoie passer un IRM. Résultat : Pyrads 3. Une biopsie s'avère donc nécessaire. 12 prélèvements dont 3 sont problématiques. 2 prélèvements Grade 1 avec Gleason 3+3 et un prélèvement Grade 2 avec Gleason 3+4, (intermédiaire favorable). 10% de patron 4. Patron Gleason 4 sous forme de glandes irrégulières. Pas d'évidence de patron cribriforme. Présence d'envahissement péri-nerveux. En résumé :
PSA de 2,41 (décembre 2020)
PSA de 3,47 (juillet 2022)
PSA de 4,75 (novembre 2023)
PSA de 4,63 (janvier 2024)—Donc, doublement en 3 ans.
IRM = Diffusion : la restriction de la diffusion est hétérogène, non bien circonscrite à la lésion. PAS d'hématome hyperintense T1 intraprostatique significatif. Approximativement 2.2 cm, Zone transitionnelle antérieure, tiers apical. PAS d'extension extra-capsulaire. T2 : par endroits bien délimitée, par endroits +/- bien délimitée, PYRADS 3 / 5. PAS de signal tumoral aux vésicules séminales. Les régions des paquets neurovasculaires sont sans grande particularité. PAS d'adénomégalie pelvienne. PAS de lésion suspecte osseuse.
L'urologue m'envoie immédiatement rencontrer un radio-oncologue et j'ai droit immédiatement à la totale. Radiothérapie externe 20 séances + hormonothérapie pour 6 mois. Mais voilà qu'en constatant tous les effets secondaires de ces traitements, je demande un répit, le temps de réfléchir et de prendre de l'information. De très nombreuses lectures scientifiques sérieuses sur les récentes avancées médicales de la recherche dans le traitement du cancer de la prostate me laissent perplexe et laissent entrevoir qu'on ne traite plus aujourd'hui les Gleason 3+4 comme avant. On semble maintenant vouloir éviter le sur-traitement en procédant plutôt à une surveillance active pour certains types de cancers (Gleason 3+4 avec PSA inférieur à 10), dont le mien. D'ailleurs, les plus récentes études scientifiques médicales semblent démontrer qu'avec un cancer comme le mien, je perdais seulement 4% d'espérance de vie sur 10 ans avec une surveillance active plutôt qu'une prostatectomie radicale. Bref, j'aurais encore 86% de chance de survie après 10 ans au lieu de 90%. (Ref: l'International Society of Urological Pathology et le National Institute for Health Research (NIHR) du Royaume-Uni) Quand même marginale n'est-ce pas ?
Évidemment, un traitement plus radical serait toujours nécessaire en cours de route advenant une détérioration graduelle importante de la situation. Mais si je dois être traité, ne serait-ce que dans 3 ans au lieu de maintenant , n'est-ce pas là 3 années supplémentaires de qualité de vie ? Docteur, est-ce que mon raisonnement tient la route ? Mais aussi, quel est votre opinion sur mon type de cancer ? Ça m'aiderait énormément.