Perdre sa maman en tant que jeune parent

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Minieyétie

Bonsoir,
Je suis toute nouvelle sur le forum, que j'ai découvert par hasard. J'ai 30 ans et j'ai perdu ma maman le 26/12/2018. Elle avait 62 ans. Elle avait été diagnostiquée en mai 2016 pour un myélome multiple stade 3, alors que j'étais enceinte de 2 mois. Dès ce moment, j'ai compris que ses jours étaient comptés. La moelle osseuse, ce n'est pas un organe qu'on peut amputer. Alors, dans cette hypothèse, la mort est nécessairement inéluctable... Durant deux ans et demi, j'ai alterné entre espoir et désillusions, avant de vraiment comprendre, en novembre 2018, que la fin était très proche.

Ma fille a deux ans désormais et n'aura que très peu connu sa grand mère, juste entre deux séjours à l'hôpital et une période de rémission relativement courte.

J'étais extrêmement proche de ma maman, notre relation était fusionnelle. En outre je suis fille unique, donc ce lien était exclusif. On partait en vacances juste toutes les deux, je la voyais tous les week-ends ou presque, on s'écrivait des textos à longueur de journée... Un peu comme si elle était aussi une meilleure amie, avec qui la complicité était totale.

Et pourtant, avec la dégradation rapide de son état de santé, j'ai dû très vite faire le deuil de ces moments intenses passés ensemble. Troquer les virées fantastiques contre des journées entières passées à l'hôpital. Échanger les sorties en tête à tête à l'opéra ou au restaurant contre des soirées à l'ombre des poches de chimiothérapie.

Elle qui aimait tant la vie, elle était désormais devenue trop faible pour en profiter... Elle la voyait s'écouler loin d'elle, depuis son lit ou en salle de dialyse durant la dernière année. Parfois, j'étais tellement en colère contre cette situation, je me demandais... à quoi bon vivre ainsi, est ce encore la vie ou n'est ce que de la survie...? A certains moments je trouvais cela absurde, mais à chaque fois que je la voyais, j'essayais de ne pas y penser et de la distraire elle aussi du mieux possible. Mais au fond j'étais mortifiée par la vision de ma maman, devenue si faible et si maigre et qui semblait encore déployer un courage inimaginable malgré l'adversité. De ce fait, elle a toujours suscité chez moi une admiration sans faille.

Je me rends compte que mes propos sont décousus, mais je me sens tellement désemparée er misérable. Je n'ai même pas pu dire à ma fille que sa mamie était partie, alors qu'elle la cherche partout lorsque nous allons chez mes parents. Elle est si jeune encore et je suis anéantie de penser qu'elle n'aura pas la chance que j'ai eue de partager de moments complices avec elle.

J'aimerais avoir des témoignages de personnes qui ont perdu leur maman alors qu'ils étaient eux même parents de très jeunes enfants (moins de 3 ans). Comment leur expliquer l'inexplicable ? Comment réussir à être parent alors qu'on a perdu son parent, qui représentait un modèle pour soi ? Comment ne pas avoir peur de mourir soi même et de causer la même peine à son enfant ?

Depuis quelques jours je suis hantée par cette pensée que moi non plus, je ne vivrai pas bien vieux et je refuse l'idée que ma fille souffre autant que je ne souffre actuellement du fait de ma propre disparition.

Merci pour vos contributions.
Bonne soirée,
Anne

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Moka

Bonjour

Je partage également votre peine et cette injustice que de perdre sa maman alors que nous sommes nous mêmes très jeune maman.
Ma maman est parti le 20 février 2019... cancer. En moins d une année nos vies ont basculé.
J ai 35 ans mon fils aîné a 3 ans et j ai un bébé de 6 mois... j ai appris ma grossesse lorsque maman apprenait son cancer de l utérus. Je ne l ai jamais bien vécu. Normal.
Ma grossesse a été tourmentée par les mauvaises nouvelles concernant son état de santé ... opération échec douleurs hospitalisations....
Alors que mon congé maternité n est pas terminé (j’ai étendu la durée pour profiter de maman autant que faire se peut) elle nous quitte brutalement. La veille son docteur m assurait que ce ne serait pas rapide que nous avions encore quelques mois à partager. Ils n en savent rien finalement.
J ai réussi à dire à mon aîné que mamie été parti. Mais le plus jeune ?? Il n aura aucun souvenir ça me rend dingue.
Comme vous j ai eu la chance de connaître ma maman et surtout d avoir des grands parents exceptionnels qui ont fait de nos vacances des instants de joies.
Ils ne connaîtront pas ça... les parents de mon Mari ne sont pas capables d assurer leur garde pour un week-end ou des vacances. Ma mère me manque affreusement.
Mes enfants me fatiguent d avance. Je dois reprendre le travail cette semaine. Je ne sais pas comment je vais tenir...

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Bianca

Bonjour à tous,

Je me reconnais parfaitement dans vos histoires. Comme vous, ma mère est morte très récemment d'un cancer (le 25 janvier 2019 des suites d'une rechute du cancer du sein). Alors que tout allait bien depuis trois ans, le cancer l'a emportée en moins de 3 mois, dans la souffrance (elle a demandé à partir, elle ne pouvait plus manger ni parler, son corps a totalement lâché).
Ma mère avait 61 ans. Elle était aussi belle que les mères que vous décrivez : une force de la nature pour qui j'avais une admiration sans faille, une mère bien sûr, mais aussi une confidente, une amie. La perdre est la plus douloureuse des choses qui me soit arrivée.
J'ai 32 ans, un enfant de deux ans et demi qui faisait sa fierté, et je suis tombée enceinte d'un deuxième enfant au moment où elle a appris sa rechute.
Je ressens beaucoup de peine, et je pleure souvent, mais ce que je ressens le plus souvent c'est de la gratitude. Nous sommes chanceuses d'avoir bénéficié d'une telle relation fusionnelle avec nos mamans, et c'est ce qui fait que nous sommes de bonnes mères. Dans cette épreuve, nos enfants sont nos forces. Il est normal de vouloir les ménager, mais ils sont plus solides qu'on ne le croît.
Je me rappelle quand ma mère a appris la mort de son père, j'avais entre trois et quatre ans. Ma mère avait mon âge. Je l'ai vue pleurer et c'est de ça que j'avais peur. Je n'avais pas compris car on ne m'avait pas expliqué. En revanche ce n'était pas douloureux.
Pour mon fils, j'ai attendu un moment où j'allais bien et j'ai expliqué que Mamika était morte. Il a dit "comme le lion", car "le lion est mort ce soir". Quand je pleure, je lui dis que c'est parce que je pense à Mamika et que j'ai de la peine. Il me fait des bisous mouillés et ça me fait du bien. Il a assisté à la cérémonie et c'était un réconfort pour nous tous. Je lui parle d'elle de temps en temps, il l'évoque aussi spontanément. Il se rappelle très bien.
Sa Mamika ne peut pas être oubliée, elle est partout : dans son regard, dans l'éducation que je donne à mon fils et que je donnerai à ma fille, sur les photos que je lui montre. Avant je marchais dans ses pas et aujourd'hui elle chemine avec moi. J'avais un peu tendance à faire les choses pour ensuite les partager avec elle, aujourd'hui je les fais du mieux que je peux, et j'essaie d'être fière de moi. Quand elle me manque, j'essaie de me demander "que me dirait-elle ?". Ca aussi ça me fait du bien.
J'ai aussi écrit sur elle, sur la nuit de sa mort qui a été difficile. Ca m'a permis d'exorciser.
Ma belle-mère est un réconfort également : c'est une mère et une mamie. Elle sait à la fois ce que c'est d'être mère et de se sentir orpheline de sa propre mère.

J'ai en tête que le cancer du sein est génétique et que je suis potentiellement une cible. Mais pour l'instant, j'ai décidé de me concentrer sur ma grossesse et de ne pas penser à la suite. Je ferai des tests et j'aviserai le moment voulu. Il est classique, quand le pire arrive, de penser que le malheur va continuer. Il faut se raisonner : ça n'a pas de sens de s'inquiéter à l'avance.

Bravo pour la qualité de vos messages, ils sont touchants. Je vous souhaite bon courage dans cette épreuve qu'est le deuil.

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Nanny80

Bonjour Anne,

J'ignore si vous allez toujours sur ce forum depuis janvier mais je me reconnais tellement dans votre témoignage que je ne peux m'empêcher de poster quelque chose... Peut-être égoïstement car je n'ai pas de pensées particulièrement positive en ce moment....
J'ai 33 ans, je suis enceinte de 8 mois de mon premier enfant. Ma maman est décédée d'un cancer du pancréas a 64 ans, il y a un mois et demi après 2 ans de combat acharné (et ce cancer agressif laisse rarement autant de temps aux personnes malades pour se battre), je l'ai trouvée tellement forte que j'ai moi aussi éprouvé et j'éprouve encore une admiration sans faille pour ma maman.
J' ai vécu exactement la même chose que vous et les mêmes sentiments au niveau du quotidien avec ma maman dans son combat contre la maladie.
On a longtemps espéré qu'elle verrait mon bébé... Mais la fin a été très dure, des métastases pulmonaires l'ont terriblement affaiblie, au point de l'empêcher d'être autonome. C'était insupportable de la voir ainsi. Nous avons pu nous dire au revoir a l'hôpital 2 jours avant son départ

Aujourd'hui je suis terriblement déprimée. J'ai su rester forte pendant tous les préparatifs des obsèques comme si je lui devais. Mais un mois et demi après, je suis en train de perdre pied. Tout le monde me dit de penser à mon bébé à venir mais rien à faire, quand je pense à lui, je pense à elle et je me sens mal. Je ne supporte plus de voir du monde, de voir les gens heureux, je fais un rejet de ma belle famille, par colère et sentiment injustice alors que je sais qu'au fond de moi, c'est mal et injuste également envers eux de me comporter ainsi, ils n'y sont pour rien et sont autant la famille de mon bébé que la mienne.
Mon témoignage ne vous sera probablement pas très utile mis à part de savoir que d'autres personnes connaissent votre situation ou presque. Moi ça m'aide un petit peu...

Bon courage à vous.
Fanny

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Moka

Bonsoir Nanny80
Comment allez vous? Votre message est tres touchant. Vous devez être à présent nouvellement maman. L arrivée de ce petit ange doit être source de réconfort.
J ai eu mon second fils durant la maladie de maman. Elle nous a quittée lorsqu’il avait 6 mois. Un tremblement de terre...
Maman me manque énormément dans mon quotidien de mère. Ce manque peut venir très subitement, je ne le contrôle ni l anticipe. Parfois j aime à croire que c est une de ses visites qui me rend si fragile.
Mes fils m ont maintenu la tête hors de l eau ces derniers mois. Ils sont un moteur indéniable. Cependant ils sont aussi très consommateurs d énergie. Même si je n’ai pas à me plaindre de leur comportement. Et il est très difficile de faire son deuil lorsque l esprit et le corps sont tant sollicités par l arrivée d un bébé. Qu en est il pour vous ? Trouvez/ prenez vous le temps de vous concentrer sur vous même ?
Les mois ont passé depuis février... en effet le temps fait son œuvre peut être pas aussi vite qu on le souhaiterait cependant mais je commence à accepter l’idée de ne plus revoir maman. De ne plus Jamais lui parler autrement qu’intérieurement. Le fait d être maman est à double tranchant de mon point de vue. Nos enfants sont une force puissante et leur désir de vivre est communicatif par contre la peine que je ressens en pensant à l absence de ma mère Dans leurs vies me ronge. C’est terrible.
Les souvenirs deviennent de plus en plus clairs ils remontent de plus en plus loin. Les vielles photos de famille auxquelles je portais bien peu d intérêt m ont beaucoup aidé. Je les regarde longtemps Surtout celles qui me rappellent à ce que maman a été dans chaque phase de sa vie. Lorsqu’elle aussi elle était jeune maman. si belle si forte. Cette maman a mes yeux d enfant parfaite droite aimante... bref j ai eu bcp de chance. Même si maman n était pas non plus une femme sans caractère loin de la. Elle savait ce qu elle voulait et nous le faire rapidement comprendre. Combien de prises de nez ai je pu avoir avec ma mère...
Nous ne sommes jamais resté fâchées. Heureusement. Les regrets/ remords... sont aussi des sentiments bien compliqués à gérer après le départ de ceux qu on aime. C est une bonne leçon pour nous guider dans nos relations présentes et à venir avec nos enfants.
Je pourrais écrire des heures... pardonnez ce trop long message qui n à plus bcp de sens.

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Nanny80

Bonjour Moka,

En effet, mon bébé est né le 13 octobre. Et le soir même j'étais prise d'un coup de blues terrible sous la douche, après avoir eu la visite de mon papa et de ma grand mère. Il manquait quelqu'un... Et la douleur était terrible, presque pire que les douleurs post-accouchement...
La semaine qui a suivi, j'etais en mode robot, à essayer de faire au mieux pour mon bébé, sans trop le temps de penser à autre chose. Mais depuis quelques jours, je pleure très souvent, peut être que la chute d'hormones y est pour quelque chose aussi... Je l'espère car je ne me vois pas vivre dans cet état de tristesse permanent. Mon bébé est en pleine forme et très beau (je suis peut être pas objective!^^) mais quand je le vois, je pense forcément à ma maman qui aurait tellement adoré le rencontrer et les larmes montent. Et elle aurait été une mamie formidable, comme elle a été une maman formidable. J'ai même du mal à regarder les petits vêtements et peluches qu'elle a eu le temps de lui acheter avant d'être trop mal pour sortir, ça n'a duré qu'une après midi ce shopping entre mère et fille pour bébé et je m'en souviens comme si c'était hier. J'aurais tellement aimé qu'il y en ait des centaines d'autres!
Votre témoignage est très touchant également et je me reconnais beaucoup dans ce que vous dites, l'absence de nos mamans dans la vie de nos enfants, le manque dans notre vie de mère, ce manque qui surgit de nulle part et nous prend aux tripes à n'importe quel moment... Etc
Cela a fait 3 mois avant hier que maman est partie et je n'ai pas l'impression d'avoir progressé dans mon deuil. . Au contraire...
Je vous souhaite bon courage en tous cas!
Fanny

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Zulie

Bonjour,

J'ai 38 ans et ma maman est décédée d'un mélanome métastasique le 24 août 2019 à 74 ans. Sa maladie a été détectée en novembre 2016. Avec mon conjoint nous en étions à notre 3ème fiv qui s'était soldée par une fausse couche en mai 2016...
J'ai fait ma 4ème fiv alors que ma mère faisait ses rayons. Les premiers traitements ont bien fonctionné, ma mère s'est bien remise de ses rayons et nous étions très confiant. Mon fils est né en novembre 2017, ma mère était en forme à ce moment-là, elle était venue me voir à la maternité et à la maison + tard. J'ai eu la chance de pouvoir l'avoir les premiers mois de mon fils.
En août 2018 elle a dû se faire opérer d'un cancer du pancréas (qui s'est révélé être en fait une métastase du mélanome...). Le 24 août 2018 (1 an pile avant son décès), ma mère a fait un malaise la nuit à l’hôpital, ils l'ont retrouvée dans le coma... nous n'avons jamais vraiment su la raison de ce coma. Elle a été 10 jours en réanimation et est restée encore environ 2 mois à l’hôpital. Ma mère s'est remise étonnement plutôt bien de cet épisode difficile et nous pensions que le pire était derrière nous... mais malheureusement elle n'a jamais pu remanger correctement, au départ elle avait une sonde gastrique mais petit à petit celle-ci lui causait des pbs à l’œsophage, vomissements, etc. Elle s'est affaibli de plus en plus et elle alternait les séjours à l’hôpital et à la maison. Au mois de mai elle a obtenu une place en unité de soins palliatifs et les médecins nous ont prévenu que la fin était proche... Début juin, ma maman était toujours là. Elle a passé un scanner qui a révélé que les métastases avaient régressé! Les médecins étaient contents et nous aussi. Il n'était plus question qu'elle reste en soins palliatifs et elle est revenue chez elle avec un lit médicalisé installé dans la salle à manger. Mais son état s'est dégradé durant l'été. Les médecins nous ont dit qu'il n'y avait pas d'espoir de guérison... fin août elle est retournée à l’hôpital pour ne jamais revenir...

Nous nous étions préparé tous à cette issue (mon père, mon conjoint, mes 2 frères, ma belle-sœur et mes 3 neveux et nièces) mais ça a été un véritable drame pour nous tous... Nous avons tous perdu une partie de nous.

Je n'ai pas été présente comme je l'aurai voulu pendant la maladie de ma mère. Je n'étais pas sur place, mon fils était vraiment petit et mon conjoint travaille le week-end... Tout ça n'était pas facile à gérer, quand je voulais aller voir ma mère à l’hôpital il fallait que je m'organise avec mon conjoint, qu'on se retrouve sur le parking de l'hosto, qu'il prenne le petit et qu'on se retrouve 1 ou 2 heures après pour que lui retourne ensuite travailler...

Maintenant, mon fils va avoir 2 ans dans 10 jours, l'absence de ma mère est terrible, surtout quand on est tous réunis... je me dis que normalement je devrais vivre les plus beaux moments de ma vie en tant que jeune maman mais en même temps ce sont les pires moments de ma vie car j'ai perdu ma mère... Je me dis que tout ça est vraiment injuste car si j'avais réussi à avoir mon fils quand je le souhaitais (6 ans plus tôt) il aurait pu connaître sa mamie et inversement. Là je me retrouve avec des souvenirs vraiment pas joyeux...

Ma mère est partie il y a un peu plus de 2 mois, j'ai été arrêtée 1 mois car j'étais effondrée... je prends des médicaments pour dormir et je vois une psy chaque semaine... La semaine dernière nous sommes allés avec ma famille répandre les cendres de ma maman en Bretagne, moment pas facile... et depuis, moi qui allais un peu mieux, j'ai l'impression de faire "un retour arrière"...
Hasard de la vie ma maman a connu la même chose, elle a perdu sa mère en 1985, elle avait 40 ans et moi 4 ans et demi...
J'ai connu ma mère très triste par période à cause de ça, elle n'en parlait quasiment jamais... Moi je ne veux pas que mon fils me voit triste, c'est une chose que je refuse. Alors bien sûr il y a des fois où j'ai pleuré quand il était là mais j'essaie de ne pas lui montrer. Je ne veux pas qu'il subisse tout ça.

Je ne sais pas si ce post est toujours actif mais si vous voulez discuter je suis là ;-)

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Coco19

Bonjour,
Ma mère est partie le 29 Octobre 2019 à l’âge de 66 ans.
On lui a diagnostiqué son cancer de l’endomètre en juillet 2018 lorsque je lui ai annoncé ma grossesse. Pour nous protéger elle ne m’a jamais rien dit. Elle me disait qu’elle avait « juste » un champignon. Je suis la cadette et nous étions très fusionnelles.
Durant ma grossesse je l’ai vu s’affaiblir petit à petit.
J’ai accouché en décembre 2018 et je me vois lui laisser ma place dans mon lit d’hôpital quelques jours après l’accouchement car elle ne sentait pas bien.
Puis vient le moment où la chimio commence pour comme elle me disait « neutraliser le champignon ». Elle qui était bien portante commence à perdre du poids à vive allure. Jongler entre ma fille qui vient de naître et ma mère souffrante c’est mon nouveau quotidien. Je prends un congé parental pour pouvoir mieux m’occuper de maman en même de l’enfant.

Je trouve ca bizarre cette histoire de chimio pour « juste un champignon ». Maman commence à perdre en autonomie. Je prends mon courage à 2 mains et fouille dans ses comptes rendus médicaux.
Plus de force dans mes jambes en lisant ces premières lignes « cancer de l’endomètre stade 3... ». Nous sommes en Juin 2019.
Maman ne s’alimente pas assez. Elle devient faible. On se bat pour l’aider à manger car elle est anémiée mais la chimio prend le dessus sur elle.
Août je me marie, mais toujours affaiblie elle n’assistera que 5min à mon mariage.
Après mon mariage je ne pars pas en lune de miel mais je retourne chez ma mère pour m’occuper d’elle, avec ma fille de 8mois. Mais maman est bien trop faible donc elle retourne vite à l’hôpital
Mi Septembre 2019
Je rencontre son oncologue qui me dit « il faut commencer à se préparer la maladie a été trop agressive avec votre maman... » je ne comprends pas , elle m’annonce qu’ils arrêtent la chimio
«  continuer la chimio affaiblirait encore plus votre mère « 
Je comprends pas je commence à paniquer et réclame une radiothérapie mais on me dit que maman est trop faible et la phrase que je redoute tant « nous allons entrer dans une phase d’accompagnement en fin de vie »
A partir de ce moment mon monde s’est écroulé.
Du jour au lendemain, le 10 octobre 2019 exactement, ma mère est entrée en soins palliatifs « pour l’accompagner ».
On m’avait dit à son entrée que ca va elle était bien et que ses métastases n’avaient pas trop évolué. Puis 3 jours après son entrée elle fait une crise. Puis c’est la pente glissante vers la fin.
19jours je suis allée avec ma fille de 10mois (qui d’ailleurs a fait ses premiers pas devant mamie ) passer mes journées entières avec ma mère. Chaque jour un nouveau symptôme que la maladie progresse. Maman va mal , elle est triste pour moi mais elle ne le dit pas. Je fais de mon mieux pour être forte devant elle et la petite. Mais c’est lourd émotionnellement
« Il faut être forte pour maman et en plus tu as un bébé » me dit-on. Je pleure chaque soir chez moi quand tout le monde dort puis je montre un visage plus joyeux la journée
Puis ce lundi 28 octobre , maman respire très vite. Elle ne sourit pas en voyant sa petite fille. L’atmosphère est bizarre.
J’ai dû mal à rentrer chez moi le soir. À la fin des visites à 22h on me dit « rentre chez toi avec ton mari et ton bébé, ne t’inquiètes pas maman ca ira, revient demain matin »
Maman ne m’a pas attendu. Elle est partie à 6h.
Je n’ai plus de force mais pour ma fille je ne peux pas rester à terre. Je suis encore marquée par ces journées en soins palliatifs qui pèsent trop dans mes pensées
Perdre une mère en étant jeune maman est l’une des plus dures épreuves de la vie.

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Minieyétie

Bonjour à tous,

C'était moi qui étais à l'origine de ce post, mais cela fait bien longtemps que je n'étais pas revenue sur ce site.

Coco19, votre message m'a bouleversée, car je me reconnais parfaitement dans ce que vous décrivez, courage à vous. C'est très dur, mais il faut tenir le coup pour son enfant, son conjoint et toutes les autres personnes encore en vie autour de vous...

C'est un long chemin... Ma maman est partie voilà presque 11 mois maintenant. Pendant de longs mois, j'ai été radicalement en colère contre cette saleté de cancer et l'injustice qu'il fait subir. Perdre sa mère à l'âge dev30 ans en étant mère d'une petite fille de 2 ans, c'est juste inconcevable et inadmissible. Mais en même temps, je me sentais soulagée pour ma maman, qui a souffert pendant trop longtemps, tant physiquement que moralement, de cette terrible maladie. Elle qui aimait tant voyager et se baigner dans la mer, elle ne pouvait plus faire ni l'un ni l'autre !

Maintenant je pense que je suis passée à une autre phase : je ressens plus fortement son absence et mon esprit vagabonde beaucoup. D'un point de vue professionnel, c'est catastrophique, car je ne parviens pas à me concentrer plus de 5 minutes sur une tâche. Heureusement, personne ne m'en tient rigueur et, pour ma part, après avoir ressenti de la culpabilité pendant un temps, je n'en ai plus rien à faire désormais. Je me dis que c'est une phase, et que mon travail n'est pas la chose la plus importante de ma vie.

Je sens que cette terrible expérience m'a profondément changée : maintenant, je suis davantage repliée sur ma sphère personnelle et je tente de profiter de tous les moments heureux, comme s'ils étaient les derniers. Ma maman est partie à l'âge de 62 ans, et maintenant que j'en ai 31, je ressens comme une "urgence à vivre", car peut-être que la moitié de mon existence est déjà derrière moi.

Juste avant que ma maman ne s'en aille, mon conjoint m'avait demandée en mariage. Du coup, actuellement, nous sommes en plein dans les préparatifs de l'événement, qui se tiendra en février 2020. Jusqu'au mois de septembre 2019, ça a été très compliqué pour moi de me projeter sur un tel évènement, car j'avais vraiment le sentiment que cela ne servait plus à rien de le faire, vu que ma maman n'y assisterait pas.

Toutefois, mon conjoint m'a rappelé qu'il avait annoncé à ma maman que nous allions nous marier quelques jours avant son décès. Il était de son devoir d'honorer cette promesse et de l'organiser coûte que coûte. Maintenant que les préparatifs sont bien avancés et qu'ils prennent une bonne tournure, je pense qu'il avait raison. Cette journée sera joyeuse et triste à la fois, mais elle mérite d'être vécue.

Et ma fille dans tout cela ? Elle va bientôt avoir 3 ans, et elle se rappelle encore de sa mamie. Cela me réjouit autant que cela me crève le cœur, car elle ne comprend pas pourquoi elle ne voit plus sa mamie et pourquoi papy est toujours seul quand il vient la voir ou quand on va le voir.

On lui a dit que mamie était partie très loin sur la lune et que, de là haut, elle la regardait. Ma fille cherche la lune parfois le soir, c'est comme un jeu pour elle. Quand elle sera un peu plus grande, je lui montrerai des photos de sa mamie et lui expliquerait à quel point elle l'adorait. Pour l'heure c'est un peu trop tôt, même pour moi. Qu'il est compliqué d'expliquer cette situation à un enfant alors qu'elle est déjà inacceptable pour un adulte !

Je vous souhaite à tous beaucoup de courage et de garder foi en l'avenir...

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Charifaa

Bonjour,

Je ne sais ni par quoi commencer ni comment. Par la fin peut-être pour exposer ma situation.
Ma chère et tendre mère est partie le 24 novembre au matin, "sans moi!" Voila ce qui m est venu en tête à ce moment là.
Elle était en soins palliatifs pour se reposer d'un cancer qui se generalisé mais j aurai préféré qu elle rentre.
Je me reconnais dans chacun des témoignages.
Cela fait 3 semaines bientôt, jusqu'ici j etais très entouré nuit et jour, les gens m ont félicité pour ce courage et cette patience mais là le téléphone sonne moins la porte s ouvre moins..alors j'ai le temps de m effondrer, j'ai mal au crâne. Elle était toute ma vie, elle m a laissé seule..plus personne ne me contacte le matin pr savoir si j ai bien dormi si ma fille s est réveillé cette nuit si..si..
Ma princesse a eu 2 ans 15 jours après le décès j'avais pourtant prévu de le fêter en maison de repos.
Elle ne verra pas mes autres enfants elle ne verra pas Tasnim et cette petite ne se rappellera pas d elle. Ca me crève le cœur. Je ne pensais pas perdre ma mère et encore moins à 30 ans. J'ai besoin de sa tendresse, de son rire, de ses bras, de son regard, son dernier regard sur moi m a donné l impression qu elle voulait me regarder une dernière fois. Elle savait qu elle allait s en aller. Je t'aime maman, tu me manque, tu ne souffre plus mtn alors je ne souffre plus non plus de cette fichue maladie.
Merci de m'avoir lu.

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Justine Justine

Bonjour Anne.

Je suis fille unique et j'ai perdu ma maman en février 2019 lors de ma deuxième grossesse.
J'aimerai échanger avec vous.

Bonne soirée à vous,
Justine

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