Mieux connaitre
La plèvre est constitué de deux feuillets qui entourent les poumons. Sa principale mission est d'empêcher le poumon de se rétracter au moment de l'expiration de l'air. Le feuillet extérieur (ou pariétal) adhère à la paroi thoracique, le feuillet intérieur (ou viscéral) adhérent au poumon ; entre les deux, un espace virtuel avec des éléments tensio-actifs qui font que le feuillet intérieur, adhérent au poumon, reste accolé au feuillet externe.
La plèvre peut être le siège d'une inflammation, on parle de pleurésie, avec un épanchement qui se constitue entre ses deux feuillets. Cet épanchement peut être important au point qu'il va gêner la respiration, nécessitant une ponction d'évacuation. Une pleurésie peut avoir diverses origines : elle peut accompagner une maladie infectieuse comme la tuberculose, une maladie virale ou une maladie inflammatoire comme la polyarthrite rhumatoïde ; elle peut aussi être le signe révélateur d'un cancer de la plèvre, notamment d'un mésothéliome.
Types de cancers
La quasi totalité des cancers de la plèvre sont des mésothéliomes. Mais il existe aussi des cancers secondaires de la plèvre, autrement dit des métastases pleurales, notamment d'un cancer bronchopulmonaire, voire d'un cancer du sein.
Facteurs de risque
Le mésothéliome est une tumeur primitive de la plèvre, assez rare (moins de 600 cas par an en France), bien qu'en progression, et dont l'origine est presque toujours une exposition, généralement professionnelle, à l'amiante. Le mésothéliome peut survenir très longtemps après l'exposition à l'amiante, parfois 40 années plus tard !
L'amiante est une matière première qui a des propriétés ignifuges (de protection contre le feu) et qui a été largement utilisée dans les années 60 et 70, dans les bâtiments de tous types (immeubles, navires…). Malheureusement, les fibres d'amiante utilisées sous forme de projection contre des cloisons, ne restent pas éternellement accrochées à ces cloisons et après quelques années ont eu fâcheuse tendance à se répandre dans l'air ambiant des bâtiments concernés. Or, il est désormais démontrée que l'inhalation de ces fibres peut, à la longue, induire un mésothéliome.
Prévention
La seule prévention possible du cancer primitif de la plèvre, autrement dit du mésothéliome, consiste à éliminer l'amiante des bâtiments ou de l'automobile (l'amiante était notamment utilisée dans les plaquettes de frein). Et tout travailleur qui sait avoir été exposé durant de longues périodes à de l'amiante doit bénéficier d'un suivi en milieu pneumologique spécialisé.
Symptômes
Dans les trois quarts des cas, le symptôme révélateur va être un épanchement pleural, lui-même se traduisant par une dyspnée (essoufflement), éventuellement une douleur thoracique.
Diagnostic
L'examen clinique, dont l'auscultation, et la radiographie vont mettre en évidence l'épanchement pleural. La ponction permettra de recueillir un échantillon de liquide pleural dans lequel peuvent être trouvées des cellules tumorales. Mais c'est surtout la thoracoscopie qui permettra de faire le diagnostic. Cet examen consiste à introduire, sous anesthésie locale après une prémédication, un endoscope au travers d'une petite incision réalise entre deux côtes. Cet endoscope permet de visualiser la plèvre et de réaliser des biopsies sur lesquels le diagnostic pourra être fait.
Le scanner thoracique permet d'établir une classification en deux stades : IA correspondant à l'atteinte de la plèvre pariétale ou du diaphragmen et IB correspondant au stade IA plus atteinte de la plèvre viscérale).
Traitements
Le mésothéliome est un cancer difficile à traiter et le traitement n'est toujours pas bien codifié. Néanmoins au stade IA (précoce), on observe parfois de longues survies après utilisation de la chimiothérapie (gemcitabine) ou de la chirurgie ou encore de l'interféron gamma ou de l'interleukine 2.
La chirurgie s'adresse à des cas parfaitement sélectionnés et repose sur la pleuropneumonectomie qui associe ablation de la plèvre et du poumon sous-jacent ; la radiothérapie est généralement associée à cet acte chirurgical.
Effets indésirables
L'intervention chirurgicale va généralement nécessiter une rééducation respiratoire pour permettre au patient de retrouver une capacité respiratoire suffisante.
Les médicaments de la chimiothérapie ont en commun d'entraîner certains effets secondaires, plus ou moins accentués selon les produits. Ils régressent avec l'arrêt des produits, mais peuvent être prévenus ou corrigés lors de leur apparition :
• les nausées et vomissements : redoutés par les malades, ils sont heureusement aujourd'hui moins intenses grâce aux médicaments utilisés et à l'action préventive d'antiémétiques puissants (médicaments qui empêchent les vomissements).
• la diarrhée : il faut boire abondamment eau, thé, bouillon ou des boissons gazeuses pour éviter tout risque de déshydratation. En cas de persistance, des médicaments antidiarrhéiques peuvent être prescrits.
• la constipation : assez fréquente, elle est liée à la chimiothérapie, aux médicaments antiémétiques ou encore à l'inactivité physique. Elle sera soulagée par un traitement spécifique.
• les aphtes : relativement rares, ils varient selon les protocoles de chimiothérapie utilisés. On parle aussi de "mucite buccale". Ils seront prévenus par des bains de bouche après les repas. Lorsqu'ils sont nombreux, ils peuvent être la conséquence d'une diminution du nombre de globules blancs, dont le taux doit alors être contrôlé par une prise de sang.
• la chute de cheveux ou alopécie : elle est fréquente mais pas systématique. Elle est le plus souvent progressive, démarrant 2 à 3 semaines après la première perfusion. Elle est temporaire, les cheveux repoussant toujours à la fin de la chimiothérapie. Selon les médicaments utilisés, on peut proposer le port d'un casque réfrigérant pendant la séance de chimiothérapie, mais il faut savoir que son efficacité est variable.
• la diminution de certains globules blancs : le nombre des polynucléaires neutrophiles diminue souvent (neutropénie). Généralement de courte durée, cette diminution est sans conséquence. Cependant, une surveillance par prises de sang régulières est effectuée. En cas de chute trop importante (aplasie), la malade court alors un risque d'infection.
• la diminution des globules rouges : appelée aussi anémie, elle peut survenir en fin de traitement. Elle peut être responsable d'une fatigue importante. la diminution des plaquettes ou thrombopénie : elle entraîne un risque d'hémorragie en cas de coupure accidentelle, car les plaquettes permettent la coagulation du sang.
• la fatigue : c'est un effet secondaire fréquent de la chimiothérapie. La fatigue est en réalité liée à plusieurs facteurs : la maladie elle-même, les traitements associés entre eux, la baisse des globules rouges lors de la chimiothérapie, mais aussi le stress et l'angoisse.
• une irrégularité des règles, voire même leur arrêt : c'est une complication assez fréquente de la chimiothérapie, chez la femme non ménopausée. Cet arrêt est transitoire et les règles réapparaissent généralement dans les mois qui suivent l'arrêt du traitement.
La détresse psychologique qui peut accompagner votre maladie est aujourd'hui mieux comprise et considérée. Pour mieux vivre avec sa maladie, il est essentiel d'avoir des explications et des informations pour comprendre. L'équipe soignante, les médecins psychiatres ou les psychologues sont à même d'apporter au malade une aide morale précieuse. Il est important d'établir une bonne relation avec le médecin, le conjoint et les proches pour conserver un équilibre psychologique. Les associations de patients sont également très utiles car elles permettent de rencontrer des personnes ayant vécu les mêmes expériences et qui peuvent donc donner des conseils avisés.
Suivi
Si l'acte chirurgical a permis d'obtenir une exérèse satisfaisante du tissu tumoral, une surveillance régulière sera ensuite nécessaire afin de s'assurer qu'il n'y a pas de reprise du processus néoplasique.
Si la tumeur n'était pas extirpable, les suites seront surtout celles d'un traitement palliatif.