LA VACCINATION HPV

Il faut vacciner contre les papillomavirus ! Papillomavirus et cancer, une déjà longue histoire.

 

Au début de l'année 2021, s'est ouvert en France un nouveau chapitre dans la déjà longue histoire des papillomavirus et du cancer, avec l'importante modification des recommandations concernant l'utilisation du vaccin HPV désormais conseillé pour les filles et les garçons selon des modalités qui seront rappelées ci-dessous.

La grande famille des papillomavirus humains, HPV, compte près de 200 membres, on parle de types, de génotypes ou de valences, qui peuvent être retrouvés chez l'homme et chez la femme qui en sont les hôtes naturels, mais qui ne font pas tous courir les mêmes risques aux personnes qui en sont porteuses, la majorité des HPV ne provoquant aucun trouble particulier.

Certains papillomavirus sont présents essentiellement sur la peau et chez un petit nombre de porteurs, vont être à l’origine de l’apparition de verrues.

D'autres types de papillomavirus sont présents essentiellement sur les muqueuses pouvant être à l’origine de pathologies bénignes telles que les verrues génitales mais dont certains peuvent être à l'origine de cancers, ce sont les papillomavirus oncogènes.

Dès les années 1970, la responsabilité du papillomavirus dans la survenue des cancers du col de l'utérus a été suspectée mais ce n'est qu'en 1995 que les génotypes ou valences 16 et 18 des HPV ont été reconnus officiellement comme agents cancérogènes par l'IARC, International Agency for Research on Cancer, organisme dépendant de l'OMS en charge des problématiques du cancer.

Depuis, au-delà des recherches visant à mieux connaître les HPV et les pathologies dont ils sont responsables, des travaux importants ont été consacrés à la mise au point d'une vaccination HPV et dès 2006 une autorisation de mise sur le marché a été accordée aux États-Unis puis en Europe à un vaccin quadrivalent, contre les génotypes 6,11,16 et 18, le Gardasil du Laboratoire MSD.

En 2007 est  commercialisé  un vaccin bivalent, contre les génotypes16 et 18, le Cervarix du Laboratoire GSK.

Cette même année, la vaccination HPV est inscrite dans le tableau vaccinal en France selon un schéma sexé ou genré, puisque la vaccination n'est recommandée que pour les filles et sexualisé puisque sa réalisation est conseillée au plus près du début de la vie sexuelle.

Selon la recommandation officielle jusqu’en 2013, « la vaccination était proposée aux jeunes filles âgées de 14 ans avec un rattrapage jusqu’à l’âge de 23 ans pour les jeunes filles qui n’avaient pas eu de rapports sexuels ou au plus tard dans l’année suivant le début de leur vie sexuelle »

 

Où en sommes-nous 15 ans après la mise aux dispositions du premier vaccin HPV?

  • L'infection par HPV est la plus fréquente des infections sexuellement transmissibles (IST) puisque l'on admet que 80 % des hommes et des femmes sexuellement actifs sont exposés à ce virus au cours de leur vie et le plus souvent très précocement dès les premiers mois ou années de leur vie sexuelle.

Toutes les formes de pratiques sexuelles sont à risque de contamination, caresses intimes, rapport sexuel vaginal, oral ou anal, sans protection par le préservatif.

Chez plus 90 % des personnes contaminées, le système immunitaire va éliminer les virus dans un délai moyen de 12 à 18 mois.

C’est la persistance d’une infection par un papillomavirus oncogène qui expose au risque de développement d'un cancer, le phénomène de transformation cellulaire cancéreuse étant très lent avec un délai moyen de 5 à 10 ans entre la contamination et l’apparition des anomalies cellulaires précancéreuses.

Si ces lésions précancéreuses ne sont pas dépistées et traitées, elles évolueront vers le cancer, le délai entre l'installation de l'infection et le cancer avéré pouvant atteindre 15 à 20 ans.

On peut indiquer, pour rappeler s'il en était besoin l'importance de l'infection HPV dans la survenue des cancers du col de l'utérus, que les modalités du dépistage ont été modifiées de façon significative il y a quelques mois avec l'introduction du test HPV réalisé pour la première fois à l'âge de 30 ans par un prélèvement au niveau du col utérin au cours d'un examen gynécologique.

Si ce premier test montre l'absence de contamination virale, le dépistage du cancer du col ne nécessitera plus de prélèvement pour examen des cellules par frottis et il est alors recommandé un prélèvement HPV tous les cinq ans jusqu'à l'âge de 65 ans.

  • On a pu identifier au sein de l’ensemble des génotypes d’HPV une quinzaine d’HPV à haut risque oncogène (HPV-HR) ce qui a conduit à la modification des vaccins le Gardasil 9 a été mis à disposition en 2018 dit nonavalent car visant à protéger contre 9 de ces HPV-HR dont on estime qu'ils sont responsables de plus de 90 % des cancers HPV induits.
  • Enfin la preuve a pu être apportée que d'autres cancers que celui du col de l'utérus peuvent être HPV induits : il s'agit des très rares cancers de la vulve ou du pénis, mais aussi de cancers de l'anus et enfin de cancers de la cavité buccale et de la gorge.

 

 

Si 95 à 97% des cancers du col de l'utérus sont directement en rapport avec une infection par HPV-HR, la responsabilité d'une infection HPV est beaucoup moins souvent engagée dans le développement des cancers de l'anus ou de la gorge, qui sont concernant ces derniers, toujours plus souvent en rapport avec le tabac et l’alcool.

L'émergence de ces autres localisations de cancers HPV induits à fait bien évidemment prendre conscience que les hommes sont également menacés par des pathologies sévères provoquées par l’HPV ce qui a conduit de nombreux pays à proposer depuis de nombreuses années d'élargir la vaccination aux garçons.

État de la vaccination HPV en France

Depuis que la vaccination a été recommandée en 2007, force est de reconnaître qu'elle ne s'est pas imposée et l'on peut même considérer qu'il s'agit d'un échec majeur de santé publique.

Même si l'on a pu constater une légère tendance à la progression au cours de ces dernières années, on estime que le pourcentage de jeunes filles ayant reçu le schéma complet n'a jamais dépassé 25 % de la population ciblée, là où d'autres pays, Suède, Australie ou Portugal..., ont obtenu des taux de participation de l'ordre de 90 % et ont pu constater de façon très significative l'efficacité de cette vaccination.

 

Il avait déjà été possible de noter une réduction conséquente des états précancéreux du col utérin mais une publication suédoise rapporte récemment pour la première fois une diminution très conséquente du risque de développement d'un authentique cancer du col utérin chez les femmes vaccinées.

Cette mauvaise acceptation de la vaccination HPV tient pour une part aux craintes de survenue d’effets secondaires mais on est en droit de penser qu’elle est aussi due à une sous-estimation des risques liés à l’infection par HPV qui concerne toute la population mais aussi certains professionnels de santé.

Il est tout à fait important de rappeler que l’HPV, ce n’est pas seulement le responsable des cancers du col de l’utérus et qu’il n’y a pas lieu d’opposer vaccination et dépistage.

Vacciner contre l’HPV, permettra non seulement d’empêcher le développement de la quasi-totalité des cancers du col de utérus mais aussi protéger les femmes contre les pathologies bénignes génitales provoquées par ces virus.

Il est d’ailleurs important de rappeler que la vaccination HPV ne dispense pas de poursuivre le dépistage.

Vacciner contre HPV permet aussi de protéger contre toutes les autres pathologies cancéreuses induites par les HPV-HR pour lesquels on ne dispose pas de technique de dépistage, anus et gorge notamment.

 

La crainte des effets secondaires a bien évidemment été pour une part aussi à l'origine de la réticence vis-à-vis de cette vaccination.

En 15 ans, des centaines de millions de doses de vaccin ont été administrées et de nombreux organismes indépendants de l’industrie pharmaceutique ont effectué une surveillance extrêmement étroite pour juger tant de l'efficacité que de l'innocuité de cette vaccination afin de définir ce fameux rapport bénéfice-risque dont on a tant entendu parler depuis quelques mois pour d'autres vaccins.

Le problème des effets secondaires de la vaccination HPV, comme cela a été il y a une vingtaine d'années pour la vaccination contre l'hépatite B, tient tout particulièrement au fait qu’elle était recommandée à un âge où se déclenchent volontiers un certain nombre de pathologies ( sclérose en plaques, rhumatismes inflammatoires, lupus érythémateux...) et que bien évidemment était toujours soulevée la question de la responsabilité de la vaccination lorsque quelques semaines ou quelques mois après l'administration du vaccin, une jeune patiente développait une de ces pathologies.

Dans la mesure où il était impossible d'apporter la preuve au niveau individuel que les deux événements n'avaient aucun rapport direct de cause à effet, ni d'ailleurs d'apporter la preuve du contraire, la réponse à cette question ne pouvait venir que d’études permettant de comparer des larges populations de patientes vaccinées ou non, études qui n’ont pas à ce jour permis de démontrer un risque de survenue de pathologies chez les patientes ayant reçu la vaccination HPV.

Demain, réussir enfin la campagne de vaccination contre les papillomavirus.

 

Depuis plusieurs années la Ligue contre le Cancer s'était engagée aux côtés de nombreux acteurs du terrain et de Sociétés Savantes pour convaincre les autorités de l'État de rejoindre tous les pays qui avaient élargi les indications de la vaccination aux garçons, ce qui a été obtenu au début de l'année 2021 sur décision de la HAS, avec publications de recommandations supprimant toute référence aux orientations ou aux pratiques sexuelles.

  • La vaccination par Gardasil9R est recommandée pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans révolus selon un schéma à deux doses à six mois d’intervalle M0, M6
  • Rattrapage possible pour tous les adolescents et adultes jeunes de 15 à 19 ans révolus selon un schéma à trois doses M0, M2 et M6
  • Maintien d’une recommandation vaccinale spécifique par Gardasil9R pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans révolus selon un schéma à trois doses M0, M2 et M6.

Le respect de ces règles ouvre droit à prise en charge par la sécurité sociale et les assurances complémentaires.

 

La vaccination n'est donc plus affaire de sexe ni de sexualités et est administrée à un âge plus jeune et l'acceptation de la vaccination à cet âge relève directement de la responsabilité des parents.

Il faut donc convaincre les parents et parler de la vaccination HPV lors des consultations de surveillance des enfants bien avant l'âge de 11 ans et la programmer sur le carnet de vaccination et sur le carnet de santé.

Mais il convient aussi dans le même temps de s'occuper de tous ceux qui ont échappé, tous les garçons mais aussi tant de filles qui n'ont pas été vaccinées, qui ont droit au rattrapage, ce qui passe à cet âge par des actions directes d'informations auprès des populations cibles au niveau des collèges et des lycées voire de l'université puisqu'une vaccination peut être entreprise dans la 19e année.

Parents, votre médecin va vous parler du vaccin HPV, s’il ne le fait pas n’hésitez pas à lui en parler.

 

Docteur Jean-Pierre Martin, Président bénévole du Comité du Rhône de la Ligue contre le cancer .

 

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