Tabac et cinéma

 

Faire toute la lumière sur la valorisation du tabagisme dans les films

Depuis 2005, la Ligue a analysé, avec Ipsos, les placements de produits et la valorisation du tabagisme dans 450 films classés au box office. A l’occasion de la journée mondiale sans tabac le 31 mai, la Ligue dévoile la 3eme édition de son étude et les résultats du décryptage de plus de 150 films français entre 2015 et 2019. La Ligue a complété cette étude par un sondage inédit, mené en 2021 auprès des jeunes(1), cible prioritaire des industriels, pour mieux comprendre les perceptions et l’impact de cette exposition.

Dénormaliser le tabac, un combat essentiel

Parce que le cancer est la première cause de mortalité en France et que le tabagisme demeure la première cause de cancers évitables, la Ligue a entrepris, dès 2005, un combat acharné pour dénormaliser sa consommation et milite pour faire de la jeune génération une génération sans tabac.

Le tabac demeure quasi omniprésent dans les films français : entre 2015 et 2019, 90,7% comprennent au moins un événement, un objet ou un discours en rapport avec le tabac : personnes en train de fumer, présence de cendriers, cigarettes, personnage qui parle de tabac.... Au-delà de la présence toujours très forte du tabac dans les films, la Ligue s’inquiète de la tonalité globalement positive autour de sa consommation dans la production audiovisuelle, susceptible d’influencer le jeune public en associant l’acte de fumer à un comportement valorisant, voire à un modèle auquel le spectateur s’identifie.

Inquiétude que partage une majorité de jeunes Français : selon le sondage(1) réalisé en complément de l’étude en janvier 2021, 58% des 18-24 ans pensent que la présence de scènes avec du tabac dans les films est une incitation à la consommation de tabac par les jeunes et 54% pensent que les industriels du tabac jouent un rôle dans le placement de produits ! La Ligue s’inquiète de l’intrusion des lobbies du tabac dans le monde du cinéma.

Le tabac reste omniprésent dans les films

Sur les 150 films visionnés entre 2015 et 2019 :

  • 90,7% des films présentent au moins un événement (personne en train de fumer), un objet (cigarette, cendrier...), ou un discours (discussion autour du tabac),
  • 81,3% de ces événements sont des scènes de tabagisme (soit 12,7 scènes en moyenne) ; 70,7% des objets qui rappellent la consommation de tabac et 62% de discours dont 18,1% incitent à la consommation de tabac.
  • Le tabac est présent en moyenne 2,6 minutes à l’écran par film (soit 2,5% du temps d’un film), soit l’équivalent de 6 spots publicitaires par film en moyenne.
  • Augmentation forte de la présence de cannabis avec 8,6% des évènements fumés, soit deux fois plus que dans les volets précédents de l’étude.
  • Non-respect de l’interdiction de fumer dans les lieux accueillant du public en intérieur : la Ligue a constaté une forte augmentation du taux de fumeurs à l’intérieur des lieux de convivialité (cafés, restaurants…). 21,5% des scènes de tabagisme ont lieu dans un lieu de travail, un bureau, 16,6% dans un café, restaurant ou discothèque soit plus de 38% des évènements de tabagisme en infraction.

Cette omniprésence a-t-elle un effet sur la consommation de tabac des jeunes(1) ?

  • 58% des jeunes interrogés début 2021 pensent que la présence de tabac à l’écran peut inciter à fumer (19% tout à fait d’accord, 39% plutôt d’accord).
  • 72% des ex-fumeurs trouvent que les images de tabagisme à l’écran incitent à reprendre la consommation de tabac.
  • 60% des fumeurs réguliers estiment que le tabagisme dans les films leur donne envie de fumer.

Un tabac banal pour tous, une exposition plus importante depuis la Covid-19

Au-delà de la présence du tabac dans les films, la Ligue contre le cancer alerte sur la banalisation de la présence du tabac, en augmentation pour cette 3ème période de l’étude (2015-2019) : le tabagisme s’en retrouve normalisé.

Une banalisation à la fois en termes d’événements tabagiques (74,6% avec banalisation de l’acte), de discours (71,5% avec banalisation de l’acte), de personnages plus neutres (87,8% des fumeurs) et de lieux plus diversifiés.

  • dans 74,6% des situations, l’événement (une personne qui fume) se produit dans une situation banale (versus 61,5% en 2011-2014 et 64,6% en 2005-2010)
  • 17% dans une situation de convivialité/bien-être (versus 25,1% en 2011-2014 et 24,4% en 2005-2010),
  • 8,4% dans une situation de stress (versus 13,4% en 2011-2014 et 10,9% en 2005-2010) avec des fluctuations en fonction des années
  • 87,8% des fumeurs ont un profil neutre
  • 21,2% des personnages principaux sont fumeurs

Le niveau d’exposition progresse largement ; 66% des répondants des jeunes de 18 à 24 ans au volet opinion de l’étude indiquent passer plus de temps devant des films ou séries, quel que soit le support (TV, ordinateur, tablette, smartphone….), depuis le 1er confinement en mars 2020.

La Ligue contre le cancer dénonce l’influence des lobbies du tabac

Si, depuis la Loi Evin, la publicité, la promotion et le sponsoring pour le tabac sont interdits, les industriels et lobby du tabac ont vite trouvé des façons détournées de montrer leurs produits dans les films et séries grand public.

De nombreuses études montrent que plus les adolescents voient des personnages fumer à l’écran, plus ils sont enclins à fumer eux-mêmes. Le tabagisme dans les films est responsable à 37% de l’initiation au tabagisme des adolescents(2). Modifier le comportement tabagique est possible ! Le nombre de jeunes fumeurs serait réduit de 18% si la présence du tabac était réglementée dans les films(3). Le sondage de la Ligue contre le cancer révèle que les jeunes de 18 à 24 ans sont conscients de la responsabilité des industriels du tabac : 54% pensent qu’ils jouent un rôle dans la présence du tabac dans les films, dans un but commercial (20% tout à fait d’accord, 34% plutôt d’accord).

La Ligue contre le cancer appelle à la responsabilité des pouvoirs publics et à l’engagement de l’industrie française du cinéma à ses côtés pour mettre un terme au placement de produits orchestré par le lobby du tabac et à ses conséquences désastreuses pour la santé publique.
La Ligue contre le cancer appelle l’industrie du cinéma français à être son alliée contre le tabagisme pour mieux protéger les jeunes générations de ce fléau, première cause de cancers évitables en France. La Ligue rappelle que toute image de tabagisme, tout discours en faveur du tabac, constituent une promotion illégale de ce produit. Ainsi, la non-représentation du tabagisme dans les films peut contribuer à atteindre les objectifs ambitieux du Programme national de réduction du tabagisme visant la promotion d’une génération sans tabac.

Arrêtons la valorisation du tabac dans les films français et protégeons les jeunes !


(1) Sondage Ipsos mené entre le 14 janvier 2021 et le 20 janvier 2021 auprès de 585 personnes entre 18 et 24 ans.
(2) Influence of motion picture rating on adolescent response to movie smoking, James D Sargent, Susanne Tanski, Mike Stoolmiller, Pediatrics, 2012 Aug;130(2):228-36.
(3) The Health consequences of smoking – 50 years of progress, US General Surgeon, 2014. p.777
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