La Fondation Jung récompense les recherches d'Hervé Fridman
Le Professeur Hervé Fridman (Université Paris Cité, Centre de Recherche des Cordeliers) s’est vu décerner la prestigieuse Médaille d’or pour la médecine de la Fondation Jung* à Hambourg le 15 mai dernier. Cette distinction internationale récompense une réalisation exceptionnelle dans le domaine de la recherche clinique ou de la recherche fondamentale. Elle a été remise au Professeur Fridman en reconnaissance de l’ensemble d’une carrière dont les réalisations ont eu un impact majeur sur le développement de l’immunologie du cancer et l’avènement de l’immunothérapie anticancéreuse telle qu’on la conçoit aujourd’hui. Les travaux d’Hervé Fridman ont bénéficié à plusieurs reprises du soutien de la Ligue dont la labellisation.
Professeur Hervé Fridman
Professeur Hervé Fridman
« J’ai eu la chance que mon parcours de recherche, le combat de ma vie professionnelle, soit récompensé par le fait que des avancées thérapeutiques majeures puissent aujourd’hui bénéficier aux personnes malades du cancer. »
En savoir plus sur les travaux du professeur Hervé Fridman, l’immunologie du cancer et l’immunothérapie anticancer
Lire l’interview qu’il a donné à la revue Médecine/Sciences à l’occasion du Prix Nobel de Physiologie/Médecine 2018
Voir la vidéo de sa présentation donnée en 2021 lors du 23e Colloque de la Recherche de la Ligue contre le cancer
Un parcours et des avancées remarquables
Docteur en médecine et immunologiste, Hervé Fridman a consacré ses recherches, depuis le début des années 1970, à la compréhension des mécanismes fondamentaux de l’immunité ainsi qu’à leur exploitation concrète en thérapie humaine.
Dès le début de sa carrière, au début des années 1970, ses travaux menés sous la direction de François Kourilsky à l’hôpital Saint-Louis établissent la première démonstration de l’existence, chez l’humain, d’une réaction immunitaire vis-à-vis de cellules tumorales. Un résultat marquant, qui ouvrait un nouveau champ d’exploration à une époque où l'immunosurveillance anti-tumorale* n’était encore qu’un concept théorique.
Les recherches qu’il développe au cours des décennies suivantes jusqu’à aujourd’hui apportent d’autres contributions majeures à l’immunologie du cancer. C’est dans son laboratoire que sont décrits, au début des années 1990, les motifs "ITIM", qui jouent en quelque sorte le rôle de frein à la réponse immunitaire — un résultat essentiel pour le développement, deux décennies plus tard, des stratégies d’immunothérapie par bloqueurs de checkpoints*.
Au milieu des années 2000, les travaux menés dans le laboratoire qu’il a fondé au Centre de Recherche des Cordeliers montrent que l’infiltration d’une tumeur par les cellules immunitaires constitue le facteur prédictif le plus pertinent de l’évolution d’un patient.
Un autre succès remarquable a été obtenu par Hervé Fridman en 2020, dans le cadre des travaux qu’il a menés avec les bioinformaticiens du programme Carte d’Identité des Tumeurs® (porté par la Ligue entre 2000 et 2021). Ces travaux ont abouti à l’établissement d’une classification inédite des sarcomes des tissus mous en trois sous-groupes, différenciés par les caractéristiques immunitaires de leur microenvironnement* : les tumeurs "immunologiquement pauvres", les tumeurs "immunologiquement riches" et les tumeurs "fortement vascularisées". Cette classification a permis de démontrer que les structures lymphoïdes tertiaires* et les lymphocytes B* constituent un facteur de bon pronostic et de réponse au traitement d’immunothérapie anti-PD-1.
Les recherches d’Hervé Fridman, actuellement soutenues par la Ligue dans le cadre du programme "Équipes Labellisées", s’inscrivent dans la continuité de cette découverte et visent en particulier à développer de nouvelles thérapies susceptibles de sensibiliser à l’immunothérapie les patients qui n’y répondent pas.
Quelques mots sur la Fondation
La Fondation Jung, fondée en Allemagne à Hambourg en 1967 par l’entrepreneur Ernst Jung, est une institution qui se consacre au soutien de la recherche médicale via le financement de projets, de bourses et de Prix.
Voir ici pour en savoir plus.
Lexique
Désigne le mécanisme par lequel le système immunitaire exerce une action préventive vis-à-vis du développement d’une tumeur en détectant et en éliminant des cellules tumorales. Ce mécanisme a tout d’abord été supputé et conceptualisé, entre le début du 20e siècle et la fin des années 1950, avant d’être progressivement démontré dans les décennies qui suivirent.
Il s’agit d’une stratégie de traitement des cancers qui exploite le système immunitaire de la personne malade en levant les freins qui limitent la capacité de certaines cellules immunitaires, les lymphocytes T, à attaquer et détruire les cellules cancéreuses. Cette stratégie de traitement emploie des anticorps thérapeutiques (anti-CTL4, anti-PD-1, anti-PD-L1) conçus pour bloquer les mécanismes qui limitent l’activité des lymphocytes T.
Les tumeurs sont des écosystèmes complexes où les populations de cellules cancéreuses sont associées à tout un ensemble d’éléments : différents types de cellules non tumorales, notamment des cellules immunitaires, des fibroblastes, des adipocytes, ainsi que des vaisseaux sanguins, un réseau de protéines jouant un rôle structural et tout un ensemble de molécules comme des cytokines ou des facteurs de croissance.
Elles peuvent être décrites comme des ganglions « temporaires », et sont constituées de l’assemblage organisé de différents types de cellules immunitaires qui se forment de façon transitoire dans les tissus qui sont le siège d’une inflammation chronique. Leur présence permet une réponse immunitaire antitumorale plus efficace et constitue, donc, un facteur de bon pronostic et de réponse à l’immunothérapie par bloqueurs de point de contrôle dans différents cancers : sarcome des tissus mous, mélanome, cancer du rein, etc.
Ils constituent la catégorie de cellules immunitaires qui produit des anticorps. La recherche a montré qu’ils jouaient un rôle important dans la réponse immunitaire antitumorale notamment en lien avec les structures lymphoïdes tertiaires. Leur rôle dans l’immunologie du cancer reste toutefois aujourd’hui moins bien compris que celui des lymphocytes T.
