Journée mondiale de l'environnement : pollution plastique et cancers
À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, la Ligue contre le cancer souhaite rappeler l’importance de préserver notre environnement pour prévenir certains facteurs de risque de cancer. Cette année, le thème met en lumière l’impact du plastique sur notre santé et notre planète.
Questions de recherche et questions de prévention
Rien ne résiste à l’érosion du temps… Cette assertion s’applique particulièrement aux plastiques qui, même pour les plus solides, finissent par se fragmenter en morceaux de plus en plus petits : les microplastiques (de l’ordre du millionième de mètre) et les nanoplastiques (de l’ordre du milliardième).
Une contamination ubiquitaire
Aujourd’hui omniprésente, cette pollution impacte massivement toutes les composantes de notre environnement, dans son acception la plus large (eau, sol, air, alimentation, textile, etc.), et pourrait constituer une menace très sérieuse pour la santé humaine.
Le nombre d’études ayant retrouvé des particules plastiques dans les organes et tissus humains a fortement augmenté au cours des dernières années. Intestin, foie, appareil urinaire, poumons, organes génitaux, sang, mais également placenta et lait maternel… la liste s’allonge au fil des publications[1]. Si le caractère ubiquitaire de cette contamination est très préoccupant, les risques précis qu’elle pourrait entraîner pour la santé demeurent néanmoins encore mal évalués et incertains.
Micro - nanoplastiques et cancers, le substrat du risque
Il existe toutefois une très forte suspicion de lien entre la présence de ces particules dans nos tissus et l’augmentation du risque de maladies non transmissibles, comme les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Concernant les cancers, nous ne disposons pas encore d’étude établissant un lien formel entre l’exposition à ces plastiques et la survenue d’un type de tumeur donné chez l’humain. Toutefois, nous savons aujourd’hui que la présence de ces matériaux dans les tissus peut engendrer des réponses physiologiques étroitement associées au risque de cancers : inflammation chronique et stress oxydatif. De plus, chez l’animal, il a été montré que les particules plastiques pouvaient engendrer une dysbiose, c’est-à-dire une perturbation de l’équilibre du microbiome intestinal, elle-même source d’inflammation chronique et de stress oxydatif[2].
D’autres travaux ont également pu mettre en évidence que l’exposition de différents type cellulaires, notamment des cellules hépatiques et rénales, à des microplastiques, engendrait des changements dans la morphologie, la prolifération et le métabolisme[3].
Par ailleurs, les micro et nanoplastiques se caractérisent par une très grande diversité chimique, et l’on retrouve avec ceux-ci une kyrielle d’additifs (voir ci-dessous), dont certains sont connus comme perturbateurs endocriniens, avec des effets avérés ou suspectés sur le risque de cancers hormono-dépendants.
[1] https://jogh.org/2024/jogh-14-04179
[2] https://doi.org/10.1016/j.chemosphere.2019.125492
[3] https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acsomega.2c03453
Substances chimiques préoccupantes associées aux micro et nanoplastiques
Le bisphénol A (BPA) est utilisé dans les plastiques rigides (polycarbonate), résines époxy (revêtement intérieur des canettes).
- Lié à un risque accru de cancers hormonodépendants : sein, prostate.
- Agit comme un œstrogène de synthèse, pouvant dérégler le système hormonal.
Les phtalates sont utilisés pour assouplir les plastiques (PVC).
- Exposition associée à des modifications du développement reproductif et potentiellement à certains cancers (testicule, foie).
Le styrène est un monomère du polystyrène (utilisé dans les emballages alimentaires, gobelets jetables).
- Classé comme probablement cancérogène pour l’homme (IARC Groupe 2B).
Les dioxines et furannes sont relâchés lors de l’incinération de plastiques contenant du chlore (comme le PVC).
- Fortement cancérogènes (foie, système immunitaire, reproduction).
De l’importance de la recherche…
De l’importance de la recherche…
Ce tour d’horizon très succinct de l’impact de la pollution aux plastiques sur la santé humaine et le risque de cancers nous montre qu’il est impératif que la recherche dans ce domaine progresse rapidement, afin de préciser la nature réelle et l’ampleur du risque que nous encourons.
Les questions relatives aux doses à partir desquelles un risque pourrait survenir, à l’existence d’effets cocktail, ou encore aux périodes de la vie où nous pourrions être plus sensibles,… constituent des sujets de recherche cruciaux. Et aujourd’hui, l'ensemble des indices, parfois des preuves, dont nous disposons permet de considérer la question des liens entre exposition aux plastiques et cancers comme extrêmement sérieuse, bien au-delà de la simple hypothèse[4].
…et de la prévention
…et de la prévention
De manière plus générale, le plastique peut représenter un danger pour la santé humaine à chaque étape de son cycle de vie[5] : depuis l’extraction des ressources fossiles jusqu’à sa fabrication, son utilisation quotidienne et son élimination, en passant par les pollutions persistantes qu’il génère dans l’air, l’eau et les sols.
Nous ne sommes toutefois pas démunis face au "risque plastique", et la prévention à l’échelle individuelle et collective peut contribuer à limiter notre exposition à cette pollution.
[5] Center for International Environnemental Law (CIEL). (2019). Plastique et santé : Les coûts cachés d’une planète plastique. CIEL.
Agir ensemble
Quels gestes adopter ?
- Réduire l’utilisation de plastiques à usage unique, notamment pour les contenants alimentaires et les bouteilles d’eau.
- Privilégier les aliments frais, non transformés, et éviter les emballages plastiques quand c’est possible.
- Privilégier des ustensiles et planches à découper en bois à ceux en plastique
- Éviter de chauffer les aliments dans des emballages plastiques, car la chaleur peut libérer des microplastiques et substances chimiques.
- Favoriser des alternatives durables comme le verre, l’inox ou le papier pour la conservation et la consommation.
Quelles voies d’exposition ?
- Par ingestion : via les aliments (emballages plastiques, migration de substances chimiques).
- Par inhalation : poussières contenant des microplastiques.
- Par contact cutané : certains produits cosmétiques, textiles.
Protéger l’environnement et la santé : des engagements nécessaires
La lutte contre la pollution environnementale commence aussi à l’échelle locale !
Avec le programme Ma Ville se Ligue, la Ligue accompagne les collectivités territoriales pour les aider à créer des environnements plus sains et favorables à la santé, afin de prévenir les cancers évitables.
Ce programme propose un accompagnement pour mettre en place des actions concrètes de santé publique, dont des actions de santé environnementale, notamment :
- la lutte contre les perturbateurs endocriniens avec la signature et mise en œuvre de la Charte Villes et Territoires Sans Perturbateurs Endocriniens du Réseau Environnement Santé ;
- lutter contre la pollution de l’air intérieur et extérieur ;
- protéger les riverains et publics vulnérables des épandages de pesticides ;
- promouvoir une alimentation durable et favorable à la santé ;
- protéger la population des UV dans l’espace public ;
- etc.
Rejoignez Ma Ville se Ligue !
Parce que la santé se construit aussi dans nos rues, nos établissements et nos cantines, la Ligue invite les communes à s’engager pour réduire l’exposition de la population, et particulièrement celle des plus jeunes, aux substances préoccupantes et autres facteurs de risque.
Ensemble, construisons des villes plus saines.
