Docteur Hervé Gautier - 45 ans au service de la Ligue

Hervé Gautier livre un témoignage fort sur sa vie de Ligueur.

 

Gérard Huot est le nouveau Président de la Ligue contre le Cancer de l'Essonne. Il succède au Docteur Hervé Gautier qui a consacré sa vie à aider la Ligue, en plus de son travail en oncologie. Voici donc un témoignage fort, qui met en avant ses 45 ans au service de la Ligue, les évolutions et la prise de conscience encore nécessaire.   

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Après 45 ans passés à la Ligue contre le cancer comme vice-président et président du comité de l’Essonne complété par un temps d’administrateur national et chargé de la commission prévention et promotion du dépistage, Hervé Gautier livre un témoignage fort sur sa vie de Ligueur.

Je mesure combien notre fédération et nos comités ont fait progresser de manière concrète et profonde le rapport entre la société, les politiques, les professionnels et la population malade ou non, avec en conséquence une amélioration de l’information, des pratiques et des organisations.

Lorsqu’en 1970, j’ai commencé à entrer en cancérologie (ce qu’on nomme maintenant oncologie), nous étions confrontés à des diagnostics le plus souvent tardifs, à des traitements limités et peu spécifiques, à beaucoup d’échecs thérapeutiques, à des difficultés pour maîtriser les douleurs et les fins de vie sans recours à des soins de support ni à des soins palliatifs comme actuellement. Des territoires étaient dépourvus de services de cancérologie. Il y avait pourtant des éléments concrets d’espoir, une activation de la recherche, un travail clinique considérable, une réflexion sur les organisations indispensables, qui ont fait rapidement progresser la thérapeutique, les pratiques et les parcours de soins. La Ligue y affirma comme maintenant sa résolution à être force d’analyse, de propositions et d’interventions.

C’est en raison de ces problèmes rencontrés et de ces réflexions quotidiennes dans mon début de carrière que je suis entré à la Ligue contre le cancer en 1979 pour élargir mon action médicale et sociale au plus près des attentes des malades et de leurs proches entraînés dans des parcours de plus en plus complexes et parfois compliqués. Il devenait évident que certaines situations n’étaient plus acceptables. Pour reprendre une parole de Roland Barthes dans Requichot et son corps, « Être moderne c’est savoir ce qui n’est plus possible ». J’ajouterais : c’est savoir aussi ce qui devient absolument nécessaire.

La Ligue nationale, sous l’impulsion de présidents sensibles et visionnaires a déclenché dans la société, dans les milieux professionnels et auprès des pouvoirs publics une accélération des dispositions facilitant le partage des connaissances, l’organisation des soins, une approche plus globale, de la recherche à la prévention et aux soins incluant un accompagnement adapté à toutes les phases de la maladie. En donnant la parole aux malades, les Premiers Etats Généraux du Cancer en 1998, puis la Première Convention Nationale de la Société face au Cancer en 2008, instaurés par La Ligue, ont conduit aux trois Plans Cancer - 2003, 2009, 2014 - qui ont permis une avancée considérable dans les conditions de prise en charge et un transfert plus rapide des résultats de la recherche vers des applications cliniques. Nous sommes passés d’une vision 2D à une vision 3D, visuellement et mentalement, prenant en considération la totalité des paramètres, ce qui a conduit à une médecine personnalisée et de précision, une attention plus grande à l’humain, dans un rapprochement de la référence et de la proximité.

Plus récemment, à partir de 2011, une attention plus grande a été portée à la prévention. Malgré des progrès fulgurants en thérapeutique, des cancers restent très résistants et on estime que près de 45 % d’entre eux, dont les plus graves, sont en grande partie évitables. La Ligue nationale a donc engagé de nombreuses actions avec les comités pour développer une culture préventive éducative. Après les Journées nationales de la prévention, organisées à Nice en octobre 2011, les Assises en mai 2016, s’appuyant sur ces premières rencontres très fructueuses, La Ligue nationale a lancé, avec les comités et ses partenaires, les Premiers Etats généraux de la Prévention le 21 novembre 2018 à Paris, qui ont abouti à onze propositions phares. Beaucoup de comités se sont alors dotés de chargés de mission dans ce domaine fondamental de la santé publique. Que l’on pense aux impacts individuels, sociaux et économiques qui résultent de maladies qui ne devraient pas se produire, on ne peut que se réjouir des engagements pris par notre association pour agir contre les facteurs de risque et favoriser les facteurs de protection.

En 45 ans, j’ai connu 9 présidents de la Ligue nationale, de Roger Gaspard à Daniel Nizri et vu, sous leur influence, la Ligue se transformer à son siège national et dans ses comités avec des relations de plus en plus constructives et coopératives, des échanges très directs et des interactions régionales plus structurées. Je ne peux citer tous ces présidents, mais chacun sait ce que j’ai appris à leur côté et la qualité des relations que nous avons construites face à toute situation. En tant qu’oncologue, j’ai apprécié et vécu l’apport de la Ligue dans la lutte globale contre les cancers, qui a contribué largement à l’amélioration et à l’humanisation des parcours de soins pour en faire des parcours de vie, qui a porté des plaidoyers en faveur de toute action favorable à la santé publique, qui a mis en avant la prévention jusqu’à inclure au niveau de son conseil scientifique national une dimension de recherche interventionnelle dans ce domaine essentiel. Les connaissances, les contextes, les moyens, les attentes étant en constante évolution, la Ligue a devant elle d’immenses responsabilités en même temps qu’elle trace une histoire, qui garantit la continuité indispensable à la mise perspective de l’expérience acquise au contact des réalités si changeantes.

Je remercie tous les présidents et administrateurs de la fédération et des comités, leurs équipes et leurs bénévoles associés, que j’ai eu le plaisir de connaître, d’avoir œuvré avec conviction à une cause commune de première importance en santé. Je souhaite à ceux qui sont en activité, dont le président Daniel Nizri, que je connais depuis des années, depuis qu’il était radiothérapeute à Corbeil, de poursuivre avec autant d’enthousiasme, de volonté et d’engagement les quatre missions qui nous ont motivés pour agir le plus efficacement possible et les assure tous de ma plus fidèle amitié.

Pour terminer, je me permets de citer ces mots d’Alain Badiou dans La vraie vie, qui correspondent à ce moment pour moi : « Il y a ce que vous voulez construire, ce dont vous êtes capables, mais il y a aussi les signes de ce qui vous appelle à partir, à aller au-delà de ce que vous savez faire, construire, installer. La puissance du départ. Construire et partir. Il n’y a pas de contradiction entre les deux. »

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