La cancer de la prostate est le premier cancer de l'homme. Il touche chaque année 60 000 nouveaux hommes. Je ne comprends pas pourquoi un dépistage systématique n'est pas organisé. L'argument du sur-traitement de cancers indolents me paraît totalement dépassé. On a aujourd'hui les moyens de caractériser le cancer de façon assez précise pour décider d'options thérapeutiques adaptées et pas forcément invasives. Le résultat de cette situation c'est que de nombreux hommes ne découvrent leur cancer qu'à un stade avancé car ils ont des symptômes et là ça n'est pas la même histoire. S'en remettre à la seule compétence individuelle des médecins n'est pas la solution. La plupart sont conscients des risques et font bien leur métier, mais il en existe de moins compétents. J'ai personnellement rencontré un médecin généraliste qui, avec un PSA à 11, m'a dit: "oh, le PSA, ça va, ça vient, il ne faut pas s'inquiéter..."(sic). Heureusement, je ne l'ai pas écouté. Sans aucun symptôme, j'avais bien un cancer gleason 7 (4+3)...je n'ose imaginer le résultat dans quelques années si j'avais laissé mon PSA aller librement à sa guise...
Pire, l'assurance maladie elle même décourage le dépistage et la prévention avec des arguments totalement dépassés: voici ce qu'on trouve sur le site Amelie: je vous laisse juger:
"Les inconvénients du dépistage du cancer de la prostate. Les résultats médicaux peuvent être faussement normaux et vous rassurer à tort :Un toucher rectal normal n’exclut pas un cancer (cet examen ne permet de détecter que des tumeurs palpables).10 % des hommes ayant un taux de PSA faible ont un cancer de la prostate.
Le dépistage peut détecter un cancer de la prostate qui aurait évolué lentement (10 à 15 ans en moyenne avant que n’apparaissent les symptômes), voire qui ne se serait pas révélé au cours de la vie, et dont les soins n'auraient pas été nécessaires. Dans ce cas, le dépistage a pour conséquence la mise en route d'un traitement dont les effets secondaires affectent la vie de tous les jours : incontinence urinaire, impuissance sexuelle ou troubles intestinaux... pour un cancer qui n'aurait pas fait parler de lui.
Le dépistage peut vous rendre anxieux et entraîner des examens médicaux inutiles."
Il y a là une carence je trouve coupable des autorités de santé et des pouvoirs publics qui causera le malheur de beaucoup d'hommes si cela ne change pas rapidement.
B.
Bonjour,
J’ai été opéré l’été 2019 à 70 ans d’un cancer localisé de la prostate détecté au début de la même année. Après récidive locale fin 2023 (PSA arrivant à 0,2 ng/ml) confirmée par IRM et TEP scan au PSMA, j’ai subi début 2024 une radiothérapie de rattrapage associée à une hormonothérapie de 6 mois (Décapeptyl). Depuis, le PSA n’est pas réapparu (pourvu que ça dure !). En tant que prof en fac de pharmacie retraité, je me suis beaucoup intéressé à ma maladie : totalement asymptomatique en 2019 et avec un PSA inférieur à 4 ng/ml, j’avais quand même décidé, de moi-même, d’aller voir un urologue en raison d’une augmentation annuelle de mon PSA qui me semblait trop importante (+ 1,15 ng/ml). J’avais bien fait puisque l’urologue décela une induration au toucher rectal qui n’était pas présente 3 ans plus tôt. L’IRM qui me fut prescrite puis la biopsie confirmèrent un cancer localisé qu’il fallait opérer (Gleason 4+3 avec 90% de cellules 4).
Repensant ces derniers mois aux conditions de découverte de mon cancer, j’ai eu envie de comparer les avis et recommandations de plusieurs autorités médicales sur le sujet du dépistage du cancer de la prostate. Je savais qu’il n’y avait pas consensus médical mais je ne pensais pas trouver une telle différence entre, d’une part les positions de la Ligue contre le cancer et l’AFU (Association Française d’Urologie) dont, par expérience personnelle de malade, JE PARTAGE TOTALEMENT LES RECOMMANDATIONS (non au dépistage systématique, oui à la détection précoce individualisée) et, d’autre part celles de la HAS (Haute Autorité de santé), de l’INCa (Institut National du Cancer) et de la revue Prescrire. Ces dernières en effet, dans le but d’éviter les risques de surdiagnostic et de surtraitement de cancers dits indolents (= non ou peu évolutifs), PASSENT QUASIMENT SOUS SILENCE les bénéfices tirés de la détection précoce de cancers agressifs méritant d’être traités rapidement. À lire leurs avis, faire un dosage de PSA, si l’on est asymptomatique, c’est prendre le risque de se retrouver en salle de biopsie quand ce n’est pas quasiment en bloc opératoire pour prostatectomie. J’ai ainsi été stupéfait de constater que seules la Ligue et l’AFU mentionnaient l’importance de l’IRM dans la détection du cancer de la prostate, les trois autres organismes cités n’en parlant jamais !
J’ai détaillé cela mais aussi et surtout mes 6 premières années avec ce cancer dans un petit livre sérieux mais très accessible sur le fond et que j’ai voulu drôle sur la forme (et oui, on peut rire de l’inondation qui suit le retrait de la sonde quelques jours après la prostatectomie ou encore des problèmes liés aux contraintes de la radiothérapie [avoir la vessie pleine et le rectum vide de matières et de gaz…]. Sans oublier les séquelles sexuelles (merci à Brassens qui m’a permis, avec sa chanson Fernande, d’introduire, si j’ose dire, le sujet !). Il s’intitule « Ma prostate et moi, sous-titre : Pourquoi et comment j’ai divorcé après 70 ans de vie commune ? » a été écrit sous pseudonyme (celui que j’ai dans ce forum) et il ne cite évidemment pas les médecins qui m’ont soigné ni les lieux où j’ai été opéré et où j’ai fait la radiothérapie.
Cordialement