Bilan d’extension et PSA

10 commentaires
Image profil par défaut
anna62250

Bonjour 

Je reviens vers vous pour les suites

Un PSA a 11,38 a été découvert fin juillet à mon père qui n’avait auparavant eu aucun dosage de realisé

S’en est suivi une IRM avec découverte d’une lésion néoplasique assez diffuse sur le lobe gauche de la prostate 

Doute sur une rupture capsulaire 

Pas d’adénopathie 

Scanner avec bilan d’extension qui s’est révélé négatif 

Un nouveau dosage des PSA a été réalisé hier, ils avaient baissé à 10,68

J’espère qu’il pourra bénéficier de la prostatectomie 🙏🙏

J’avais besoin d’en parler car je suis dégoûtée,si les PSA avaient été contrôlés plus tôt , la capsule serait encore intacte et la prostatectomie possible,ila 65 ans

Quand mon père à demandé pour les PSA on lui a répondu que ce n’était pas la peine🥺🥺😢

J’avoue avoir du mal à digérer cela car je trouve que cet examen est aussi important chez les hommes que le frottis chez la femme en prévention du cancer du col de l’utérus ou la mammographie pour le cancer du sein 

De plus ,ce n’est pas un examen onéreux 

 

Barajda

Vous avez tout à fait raison et tous les hommes qui sont passés par là vous le diront: l’absence de dépistage organisé est incompréhensible. On parle du 1er cancer chez les hommes (60 000 cas par an en France tout de même). L’argument contre le dépistage est que ce cancer est d’évolution lente et que si on dépiste systématiquement, on crée des situations de surtraitement: en gros on traite des gens qui auraient pu vivre longtemps avec ce cancer sans le savoir et mourir d’autre chose, et lorsqu’on traite, on expose les gens à des effets secondaires très délétères pour leur qualité de vie: incontinence et perte de l’érection. Mais cet argument me semble aujourd’hui battu en brèche par l’évolution des capacités diagnostiques: on a aujourd’hui la possibilité de caractériser la tumeur et si elle est petite, bien située et fortement différenciée, sans grande capacité de se diffuser ailleurs (ce qu’exprime le score de Gleason quand il est à 6), on peut se limiter à la surveillance active. A contrario, être totalement à l’aveugle expose les hommes au risque d’un cancer pris trop tard pour pouvoir bénéficier de traitements curatifs locaux comme la PR ou la RT. Il est temps que les choses changent. 
Bon courage à votre papa, j’espère de tout cœur que tout ira pour le mieux pour lui.

Image profil par défaut
Dr A.Marceau

Bonjour,

Il est effectivement tout à fait anormal que votre père (dont vous ne précisez pas l'âge) n'ait pas bénéficié d'un dépistage du cancer de la prostate. Si ce dépistage n'est pas "organisé" comme le sont notamment les cancers du sein, du col de l'utérus, du côlon et du rectum, c'est parce qu'il n'existe pas de procédure universelle pour le réaliser et qu'il doit donc être personnalisé, autrement dit adapté à chaque individu, en fonction de ses antécédents familiaux et de ce qui est constaté au toucher rectal et en valeur du PSA. Mais chaque médecin traitant devrait se préoccuper de ce dépistage, adapté à chacun de ses patients à partir de 50 ans.

La variation du taux de PSA que vous indiquez n'a pas de signification particulière. Le cancer de votre père semble encore localisé au niveau de la loge prostatique, avec un doute sur une effraction capsulaire. Il est plus que probable qu'il puisse bénéficier d'une prostatectomie.

Cordialement

Dr Marceau 

Barajda

Bonjour Dr Marceau, je ne comprends pas bien quand vous dites « qu'il n'existe pas de procédure universelle pour réaliser le dépistage et qu'il doit donc être personnalisé ». La mesure systématique du PSA serait déjà une première étape simple, peu coûteuse et  indolore qui peut alerter et conduire en cas d’augmentation à réaliser d’autres investigations (TR, biopsie…) . Pouvez vous préciser ? 

Image profil par défaut
Dr A.Marceau

Je dis juste que le dosage du PSA devrait systématiquement faire partie du bilan de santé régulier fait par un médecin généraliste chez chacun de ses patients à partir de 50 ans et que les examens complémentaires doivent être décidés au cas par cas en fonction des antécédents familiaux et des observations faites lors du bilan (toucher rectal et résultat du dosage du PSA).

Dr Marceau

Barajda

Entièrement d’accord avec vous. Quand je parle de dépistage systématiquement organisé, c’est bien du contrôle du taux de PSA que je parle, à l’instar d’un test régulier pour le cancer du colon, d’une mammographie ou d’un frottis régulier pour les cancers féminins. Ensuite, si ce test donne un résultat qui alerte, il faut effectivement effectuer des tests complémentaires qui sont personnalisés. Moi, à l’augmentation du PSA, l’urologue a fait un TR qui était normal et fait faire une IRM qui n’a pas révélé de lésions cibles mais a montré une zone inflammatoire suspecte. En suivant, il n’a pas immédiatement fait de biopsie mais m’a mis sous PERMIXON pendant 3 mois pour voir si c’était inflammatoire. Ce n’est qu’à l’issue de ces 3 mois de traitement et alors que mon PSA avait encore augmenté (de 8,20 à 11,5) qu’il a réalisé la biopsie qui a mis en évidence mon cancer gleason 7. On le voit, tout ce processus et cette alerte résulte de la mesure du PSA et je suis bien content que mon généraliste l’ai prescrit de façon systématique et que je puisse aujourd’hui espérer m’en être sorti guéri après PR. Le problème c’est que la prostate est un organe largement méconnu et le contrôle du PSA également. Moi même je n’avais avant tout ça qu’une très vague idée que ça existait. Le généraliste sentinelle c’est très bien, j’en suis la preuve vivante, mais il y a beaucoup d’exemples comme celui du père d’Anna ou s’en remettre à des comportements individuels conduit à prendre les choses trop tard. C’est désastreux pour les personnes également pour la société car le coût humain et économique d’un cancer avancé est incommensurablement plus important que celui d’un cancer pris tôt. Il faudrait vraiment que les pouvoirs publics en prennent la mesure et agissent vers un dépistage systématiquement proposé. 

Image profil par défaut
Dr A.Marceau

Vos arguments sont justes mais on peut y opposer le fait que le taux de PSA n'est pas d'une totale fiabilité. En effet, il existe des cancers de la prostate à taux de PSA normal. 

Quoiqu'il en soit, la plupart des médecins généralistes demandent cette mesure chez leurs patients de plus de 50 ans.

Après, pour en finir avec ce débat sur les dépistages organisés, on pourrait objecter d'une part que le taux d'adhésion du public concerné par ces dépistages est faible, en dépit des campagnes d'information (il ne dépasse pas 50%) et qu'il existe des cancers dits de l'intervalle, c'est à dire survenant entre deux échéances du dépistage organisé. Enfin, pour apporter un autre exemple au débat, le dépistage des cancers cutanés devrait être systématiquement fait par les médecins généralistes. Car il suffit d'observer la peau de l'ensemble du corps et en cas de doute, d'adresser le patient au dermatologue. Or, quel est le pourcentage de patients bénéficiant d'un tel dépistage ? Il est assurément très faible. 

Cordialement

Dr Marceau

Barajda

Bonjour Docteur, 

je pense que malheureusement aucun test n'est fiable à 100%, mais le PSA l'est quand même à plus de 90/95%. 

Le risque est de "détecter" des faux positifs, mais pour ceux là, les démarches thérapeutiques ne se basent pas sur le seul PSA. 

Quoi qu'il en soit, le fait qu'un test ne soit pas fiable à 100% ne justifie pas à mon sens que l'on n'organise pas un dépistage national pour ce qui est le premier cancer masculin avec plus de 60 000 cas par an. 

L'argument des cancers de l'intervalle est valable pour tous les cancers. Pourquoi serait il excluant pour le seul cancer de la prostate? 

Quand au taux d'adhésion du public au dépistage organisé qui est faible, on pourrait, en raisonnant par l'absurde, soutenir que cet argument milite pour l'abandon des dépistages des cancers du colon, du sein, et des cancers gynécologiques qui coûtent cher à la société sans toucher la plénitude de leur cible. Après tout, pourquoi ne pas s'en remettre pour ces cancers également aux médecins généralistes? 

Plus je réfléchis à ce problème et plus j'en conclus qu'aucun argument valable n'existe plus aujourd'hui contre l'organisation d'un dépistage systématique. Celui des risques de la sur-détection et du sur-traitement avec tous les effets secondaires a pu être valable un temps, mais nous disposons maintenant d'un arsenal diagnostic permettant d'adapter au mieux la réponse thérapeutique. 

Concernant la prostate, il ne faut jamais oublier qu'il  existe en plus une barrière culturelle et sociétale qui est un obstacle supplémentaire: non seulement de très nombreux hommes, dont je faisais partie,  ne savent pas précisément ce que c'est ni à quoi ça sert, mais lorsqu'ils le savent et qu'ils sont conscients de l'existence de cancers, il y a un tabou autour de cet organe qui touche aux fonctions urinaires et sexuelles et aux représentations qui peuvent en découler autour du vieillissement, de la perte de virilité, de l'intimité etc... Il y a aussi tous ces hommes "bien portants" qui ne vont jamais voir leur médecin généraliste et qui s'en vantent d'ailleurs. Il y a enfin ces médecins généralistes, j'en ai personnellement rencontré, qui ne font pas cette démarche de prévention, voire qui nient le problème lorsqu'ils y sont confrontés: apprenant que j'étais sous Permixon avant mon diagnostic de cancer, l'un d'entre eux, sur mon lieu de vacances m'avait dit: "vous êtes jeune pour prendre du Permixon, le taux de PSA, il faut le laisser aller et venir, ce n'est pas grave"(sic).  2 mois après, j'avais un diagnostic de cancer Gleason 7. Je suis bien content de ne pas l'avoir écouté. 

Je pense à tous ces hommes qui se rendent compte trop tard de leur cancer car ils ont des symptômes et qui sont brutalement confrontés à l'existence d'un cancer étendu et inguérissable, à la douleur et à la lourdeur des traitements associés. Tout cela alors qu'un test simple existe qui aurait, si il avait été pratiqué plus tôt, évité ces situations dramatiques. 

Non, vraiment, je ne comprends pas qu'un dépistage ne soit pas organisé. Il est temps que les choses changent. 

B. 

Image profil par défaut
anna62250

Bonjour,

Pour vous répondre DR Marceau mon père à 65 ans et avait évoqué avec son ancien médecin traitant de faire un dosage de PSA 

Je m’en veux également j’aurais dû pousser les choses pour qu’il fasse ce test 

J’essaie de ne pas rester bloquée sur ça en me disant que HEUREUSEMENT son nouveau médecin lui a fait tout de suite

Les biopsies sont prévues le 29 septembre 

J’espère que ce ne sera pas un  gleason trop élevé 🙏🙏
 

Merci à tous 

Je vous souhaite un bon dimanche 

Image profil par défaut
Dr A.Marceau

Merci ! Tenez-nous au courant du résultat des biopsies.

Cordialement

Dr Marceau

Image profil par défaut
anna62250

Bonjour à tous, bientôt le résultat des biopsies…comme c’est angoissant…

J’ai très peur, j’ai déjà perdu ma grand-mère d’un cancer digestif agressif,ma mère a déclaré une polyarthrite de forme sévère l’année dernière et maintenant c’est mon père à qui on découvre un cancer de la prostate… cela commence à faire beaucoup 🥺😭

Je pense à vous tous et vous souhaite un bon dimanche 

Ecrire un commentaire

Pour écrire un commentaire ou lancer une nouvelle discussion vous aurez besoin de vous connecter ou de créer un compte.

Les intervenants du forum

Admin forum
Camille Flavigny
Directrice Droits et soutien des personnes
Dr A.Marceau
Médecin, chargé des questions médicales
Conseiller technique Aidea
Accompagner pour emprunter
Back to top