J'ai perdu ma mère à 20ans

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Maxime_ge

Bonjour à tous,

J'écris ce message 2 ans et demi après le décès de ma mère. C'est pour moi un moyen de ne pas l'oublier et de m'aider dans mon deuil. Peut-être que mon témoignage pourra un jour aider quelqu'un.

Pour recontextualiser, ma mère a contracté un premier cancer du sein en 2010, j'avais 8 ans à cette époque. J'ai donc très peu de souvenirs de cette période, du fait qu'on ne dit rien à un enfant de 8 ans à propos du cancer de sa mère. Heureusement, les séances de chimio et les rayons ont pu repousser le cancer ce qui a permis à ma mère de reprendre le cours de sa vie. 

Quelques années après, lors de mon entrée en seconde (2017), mes parents ont divorcé. C'était une décision commune même si ma mère a, au premier abord, voulu divorcer en première. S'en est suivi une période compliquée pour elle. Je pense qu'elle a mal vécu la séparation, avec mon frère parti en études supérieures et moi difficile à vivre à cause de mon jeune âge. Je voulais principalement rester chez mon père car il avait gardé la maison et donc tout le confort de vie que j'avais toujours connu. Ma mère a fait une dépression fin 2018 début 2019. À cette période je me rendais après les cours pour la voir à la clinique durant la semaine, mais je ne mesurais pas le potentiel mal-être qu'elle vivait et le support supplémentaire que j'aurais pu apporter. Après ça guérison elle a pu reprendre un travail qui lui plaisait. Tout se passait relativement bien, j'avais commencé ma première année d'études supérieures (malgré le COVID) et elle commençait à fréquenter un nouvel homme.

Fin 2020 la rechute du cancer du sein a été diagnostiqué. Cancer métastatique, il a principalement touché les os de la hanche, de la colonne et une partie du cerveau. Son état physique s'est dégradé sur un an et demi, ce que nous pouvions observer en venant la voir chaque weekend depuis Grenoble. Ça a commencé par une difficulté à marcher sans béquille du fait des os de la hanche qui se fragilisaient, puis tout doucement une incapacité à marcher sans béquille. On essayait de la faire sortir au maximum le weekend pour qu'elle puisse marcher et profiter de l'extérieur. Elle vivait chez sa mère qui avait la capacité de s'en occuper. C'était très bien pour elle de ne pas se retrouver en maison ou d'être dépendante d'une infirmière h24. Les mois continuaient de passer et son état s'aggravait de plus en plus, difficulté à parler, à mâcher, à manger. (Dû au cerveau qui était touché).

En fin d'année 2021 les médecins de l'hôpital nous ont convoqués avec mon frère pour nous expliquer qu'il n'y allait avoir aucun moyen de guérison. Le cerveau était trop touché et les opérations sur la colonne vertébrale avaient de fortes chance de toucher les alentours et de faire de gros dégâts. Ils nous ont dit qu'elle pourrait décéder dans 1 mois, 6 mois ou même 1 an. J'ai l'impression que j'ai été dans le déni de la non-guérison jusqu'à la fin, c'était impossible de se dire que c'était la fin. On a alors continué à vivre normalement avec elle, de ne pas le traiter comme une personne malade et de continuer de faire le plus possible. Elle me répétait qu'elle voulait aller voir la mer au printemps. On est donc partis avec mon frère et mon père voir les iles d'Hyères. Mon père, malgré le divorce, a été très présent et a tout fait pour que ces moments soient les mieux possibles. C'était compliqué de la voir en vacances à la mer, sachant pertinemment que ça serait la dernière fois de sa vie. Malgré son fauteuil roulant, on la portait jusqu'à la mer pour qu'elle puisse être sur la plage comme tout le monde.

Après ces vacances, les choses se sont accélérées rapidement, durant ces derniers moments à la maison, elle nous répétait qu'elle ne voulait pas "d'acharnement thérapeutique". Un soir quand on l'aidait à se coucher avec mon frère, elle nous a dit "les garçons je crois que je vais mourir". Je ne souhaite à personne de vivre des moments comme ça. Son état c'est rapidement dégradé, on a donc dû la mettre en soin palliatif à l'hôpital. Cette période à duré 1 mois de mémoire. Bien sûr, on devait aller en cours la semaine donc on ne pouvait être présent pour la voir que les weekends. Comme avant, on continuait de vivre avec elle normalement. Ma mère a toujours été joviale et bavarde. On lui racontait nos semaines de cours, on parlait du quotidien et de choses banales. On partageait des rires, des larmes et des silences. Beaucoup de monde venait la voir pour qu'elle soit le moins souvent seule. Un weekend en rentrant le vendredi soir, on nous annonça qu'elle avait fait une crise la nuit passée et qu'elle était dans une sorte de coma. C'était le début de la fin. On s’est relayé ce weekend pour qu'elle ne soit jamais seule. Elle ne parlait plus et ne réagissait plus non plus. Seulement le bruit de sa respiration. Le dimanche mon frère avait passé la matinée à ses côtés et je venais à midi pour prendre le relai. Je continuais à lui parler, je gardais le sourire et j'essayais d'être joviale comme elle l'a toujours été. Je lui faisais écouter Indochine qu'elle a toujours adoré. On était dimanche, j'allais donc repartir en cours le soir comme mon frère et je commençais à dire au revoir à ma mère, lui disant qu'on allait repartir pour une semaine de cours. Après quelques minutes, j'ai entendu son souffle se couper, c'était la fin. 

La fin d'un combat qui aura duré plusieurs années. Malgré une première victoire, la maladie est revenue et a été plus forte. Ma mère y a cru jusqu'au bout, elle était combattante et forte. Les jours d'après ont été très compliqués. Pourtant je me sentais aussi soulagé. Soulagé que la souffrance de ma mère fût finie, qu'elle pouvait se reposer en paix avec elle-même. J'ai beaucoup appris d'elle durant toutes ces années à ses côtés, mais j'ai tellement appris durant cette dernière année, que ce soit sur elle, sur la vie ou sur moi-même. Je m'en sers comme une force, un moyen de relativiser sur beaucoup de problèmes du quotidien.

J'ai passé des soirées entières à lire des témoignages de personnes ayant vécu plus ou moins la même chose que moi, c'était quelque chose qui me faisait un grand bien. 2 ans et demi après, c'est à moi de partager mon vécu en espérant qu'il aidera la personne qui en aura besoin.

Au début on se sent submergé, incapable de surmonter cette épreuve, surtout quand elle survient si jeune. Mais avec le temps, on apprend à avancer. Le temps n'efface rien, il n'efface pas l'amour ni l'absence, mais il nous aide à vivre, à continuer, sans jamais oublier.

Maman je t'aime, et tu me manqueras plus qu’aucun mot ne puisse l'exprimer.

Yvette90

Cher Maxime, Ton témoignage m'a bouleversé. Il y a tant d'amour dans tes mots que ta maman, où qu'elle soit, doit encore les entendre. 

En ce début d'année 2025, je ne peux que te souhaiter le meilleur ainsi qu'à ton frère et continuez à faire vivre votre maman dans vos cœurs, car elle le mérite bien visiblement. 

          Une mamie qui s'est permis de te tutoyer pour te faire comprendre à quel point ton message l'a touchée. 

           Yvette           

Cath 69

Bonjour Maxime 

Je viens de lire votre message avec beaucoup d'émotions .

Je le trouve très digne et en même temps emprunt de vos émotions .

Votre maman peut être fière d'avoir des enfants comme vous et votre frère.

Vous l'avez accompagné d'une manière exemplaire et cela me parle et me fait du bien car je suis bientôt au final de ma maladie qui est m'envahit depuis 20 ans .

Je suis très entourée, aidée par ma famille ( mari , en ants et petits enfants) toujours très  présente depuis le début.

Ils m'apportent leur rires , leur joie, leur amour et tout est prétexte pour profiter des bons moments.

Vous avez vécu le plus difficile pour un enfant, celui de perdre sa maman mais votre force est de continuer  avec les souvenirs de qualité qui seront un tremplin pour votre vie .

Je vous souhaite le meilleur.

Catherine 

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jojo27

Bonjour Maxime, 

Je me permet aussi de te tutoyer. Ton message m'a beaucoup touchée car j'ai deux fils de 16 et 12 ans. Cancer dépisté en fin d'été dernier, je suis en pleine chimio. 

Quand on parle du cancer du sein on dit toujours que c'est un cancer qui se "guérit bien"...On oublie souvent de dire que malgré tout beaucoup de femmes en meurent encore chaque année quand même, et que cela touche leurs familles. 

Me concernant pour le moment j'espère comme toutes être dans les survivantes mais j'ai bien conscience que rien n'est joué d'avance malgré tout...

Si cela devait mal tourner j'aimerais que mes fils écrivent un si beau message. 

J'espère que tu as un suivi psychologique qui t'aide à prendre du recul sur tout ce que tu as vécu a ton jeune âge. Si ce n'est pas le cas je te conseille de le faire pour te permettre d'avancer le plus sereinement possible dans la vie. 

 

 

Flora 87

Bonjour Maxime,

Ton message m'a tellement émue ET bouleversée que ta maman peut être fière de ses enfants 

Il fort être Fort Car avec le cancer jamais rien Est gagné on le sait tous on Y croit pourtant parce qu'on s'acharne avec les traitements 

On pense à sa famille ses enfants ET on tient pour ça 

Moi aussi je pense à ma fille Mon petit fils que j'adore quand je serais plus là,

Mais la vie continue ET il faut le temps pour accepter 

Je vous souhaite pleins de bonheur ET une maman c'est irremplaçable 

Fab75

Bonjour Maxime, 

Quelle émotion en lisant le récit de ton histoire…  C’est si joliment écrit, si bouleversant…
Toi et ton frère avez été exemplaires, votre maman doit être si fière de vous de là haut. 🙏🙏

Vous l’avez accompagnée avec tout votre amour et dignité. 

J’ai également deux grands garçons qui sont très présents et qui m’entourent remarquablement depuis la découverte de ma pathologie l’été dernier. 

Une maman, c’est précieux et elle est irremplaçable. 
J’ai perdu mes deux parents à deux années d’intervalle. 
Je les ai accompagnés jusqu’à la fin et leur dernier souffle a été dans mes bras ; à mon domicile pour ma maman. 

Je ne peux que vous souhaiter le meilleur en ce début d’année en espérant que le temps apaise votre chagrin et votre douleur. 
Continuez à avancer, différemment,  certes mais avec cette même force. 

Votre maman restera à jamais ancrée en chacun de vous deux et je suis certaine qu’elle veille sur toi et ton frère. 

Merci Maxime d’avoir posé ces mots tant émouvants. 

Fabienne. 

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Lola34070

Bonjour Maxime,

Votre récit a mouillé à plusieurs reprises mes joues...

J'ai ressenti tellement de tendresse ...Tout parent souhaiterait avoir un tel amour de son enfant. J'ai également été frappée par votre sagesse ,que je n'ai pas alors que j'ai le double de votre âge. Vous êtes jeune,certe mais un sacré "grand homme".

Je suis rassurée de voir que les valeurs que j'affectionne se perdurent avec la nouvelle génération . Vos parents y sont certainement pour beaucoup quand je vois que votre père a continué à être présent pour votre mère malgré la séparation. 

Votre maman devait être une sacrée reine. Bravo Maxime pour avoir accompagné votre maman jusqu'au bout. Je pense que celà ne peut que vous aider dans votre deuil. 

J'ai un petit garçon qui a bientôt 4 ans et qui aide à sa façon son papi,mon père qui se bat contre ce maudit crabe.  J 'espère également lui ttransmettre des valeurs.

 

Merci. Même si votre récit m'a bouleversé, j'ai reçu une belle leçon de sagesse face à ma colère.

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Joce45.

Maxime, 

Je crois que tu as l âge de mon fils. J ai eu mon 1er cancer quand il avait 4 ans en 2006. J ai toujours eu peur qu il me perde étant petit. 

Ton formidable témoignage me touche, il apporte ici le témoignage de nos enfants. 

Ta maman a eu de bons enfants.

Je te souhaite le meilleur pour l avenir.

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