Bonjour,
Je suis allée jusqu'à la fin de votre post, que je trouve bouleversant. Je crois que si la disparition du père de votre amie vous chamboule à ce point c'est peut-être parce que vous n'êtes pas allée jusqu'au bout de votre propre chagrin, de votre propre deuil.
L'écoute d'un professionnel serait sans doute la bienvenue et vous permettrait de refermer cet épisode de votre vie, vous permettant d'être plus sereine et apaisée.
Je pense évidemment que votre Mère à voulu vous protéger (c'est le rôle des Mamans), mais avez-vous pensé que peut-être votre Père, s'il en avait été conscient, aurait lui aussi voulu vous protéger en vous tenant à l'écart de ses derniers moments ?
Ce n'était sans doute pas une décision facile à prendre et votre Maman a cru bien faire. Peut-être s'est-elle trompée, du moins c'est comme ça que vous le ressentez, mais qui ne se trompe pas dans la vie ? On ne le sait qu'après que l'on a pris une mauvaise décision... Et pensez-vous que ça aurait rendu les choses plus faciles que de voir votre père dans ses derniers instants ?
Lorsque ma Maman nous a quittés, ça faisait plusieurs jours qu'elle était hospitalisée et j'allais la voir plusieurs fois par jour, de jour comme de nuit (les soignants nous y ayant autorisés, sachant que la fin était proche). Elle s'est éteinte en fin d'après-midi, dans la demi-heure juste entre le départ de mon frère et mon arrivée... J'étais effondrée : avoir été présente si souvent, si longtemps pendant une dizaine de jours, et ne pas être là à ce moment précis ! les soignants m'ont alors expliqué qu'il est très fréquent que les gens s'éteignent lorsque les visiteurs s'en vont : comme s'il voulait partir en douce (ou plutôt en douceur), pour ne pas nous infliger cette souffrance supplémentaire.
A méditer !
J'espère que vous allez aller mieux dans quelques jours, mais surtout, n'hésitez pas à vous faire aider. Ce n'est pas un signe de faiblesse que de demander de l'aide.
Bonjour à tous,
Je ne sais pas si mon post a sa place dans ce forum mais je ne sais pas à qui parler de ce que je traverse ces derniers jours, et je cherche un peu de réconfort.
Mon père a été diagnostiqué d’un cancer du poumon en 2010 et après 1 an de bataille avec opération et chimios il s’en est allé en juin 2011. J’étais très jeune à cette époque (12 ans et demi) mais ça ne m’empêchait pas d’avoir déjà une conscience de la mort, car quelques années auparavant en 2007 j’ai eu une première expérience traumatisante lorsqu’il s’est effondré d’un infarctus devant ma mère et moi. Il a survécu ce jour là mais une partie de moi s’est envolée, me laissant avec la peur constante de la maladie et de la mort.
J’ai très mal vécu son décès et j’ai eu beaucoup de peine à reprendre le cours de ma vie, je ne suis pas encore totalement guérie de son absence.
Ces dernières semaines j’ai essayé d’être présente pour une amie dont le père était malade depuis le début de l’année. Elle m’a annoncé récemment que c’était un cancer et son état s’est vite dégradé, il s’est éteint aujourd’hui.
Cette situation m’a fait replonger dans le passé et en visualisant mon amie et son père, en imaginant ce qu’ils vivaient tous les deux ces derniers jours, j’ai recommencé à avoir de fortes angoisses.
Cela fait bien une semaine que j’ai des images qui me hantent, je vois son père, je vois le mien et je revis en quelques sortes ce que j’ai vécu il y a 12 ans. C’est comme si les conseils que je lui ai donné étaient les conseils que j’aurais aimé appliquer dans le passé.
Ma mère m’a caché que mon père n’allait pas survivre, il est parti un jour pour faire sa chimio et il n’est plus ressorti de l’hôpital. J’avais très peur et je pensais sans cesse à la mort et en même temps on me disait que papa allait sortir, qu’il allait guérir. Alors j’étais tourmentée entre la peur et l’espoir. Le dernier jour avant sa mort, nous devions aller lui rendre visite mais ma mère et moi étions fatiguées (nous habitions à 20km de l’hôpital et ma mère sans permis travaillait toujours), nous avons reporté au lendemain et il s’est éteint dans la nuit, c’était le jour de la fête des pères. Je ne pensais pas qu’il partirait si tôt, je l’ai regretté très longtemps et ces regrets ressurgissent intensément aujourd’hui.
Je me dis que mon amie a eu la «chance » d’accompagner son père dans la maladie, de prendre soin de lui, d’être présente, et même d’avoir été à son chevet la nuit de sa mort. Bien sûr elle n’a pas le même âge que j’avais quand je l’ai vécu, mais je regrette et je me dis que j’ai laissé mon père tout seul, que j’aurais aimé aussi lui tenir la main et le caresser, ne serait-ce que pour essayer d’atténuer un peu ses douleurs et sa peur, de lui montrer que je suis là et qu’il est aimé. Apparement lui non plus n’était pas conscient de ce qui se passait, ma mère n’a rien dit à mon père et a demandé aux médecins de ne rien lui dire. Mais je suis sûre qu’il s’en doutait, et peut-être que comme on lui a caché il n’osait pas demander.
Je trouve ça bizarre, de cacher à un malade qu’il vit ses derniers instants sur terre, de l’empêcher peut-être de faire ses dernières volontés, de profiter de chaque seconde en sachant que ce sont les dernières. Et en même temps elle dit que c’était pour me protéger, que j’étais trop jeune et que j’avais déjà beaucoup d’angoisses, qu’elle ne voulait pas me paniquer, et ne pas paniquer mon père non plus. Mais je lui en veux. Ma famille a été là le dernier jour et pas moi, tous m’ont dit que c’était mieux comme ça, qu’il n’était déjà plus vraiment là et que c’était déchirant de le voir comme ça mais je n’arrive pas à m’empêcher d’avoir des regrets.
Est-ce que ma mère avait raison de me cacher la mort inévitable de mon père ? Est-ce vraiment une façon de protéger son enfant ? 12 ans plus tard je repense à ça et mes regrets sont aussi intenses qu’au premier jour. Je n’ai aucun souvenir de mes visites à l’hôpital, ni de la dernière fois que je l’ai vu ni de ce que j’ai pu lui dire et ça me fait souffrir. Ça me donne l’impression de n’avoir pas été là pour lui comme j’aurais voulu l’être. Peut-être que je ne m’en souviens pas car j’étais trop jeune… je me rappelle seulement de l’ambiance dans l’hôpital, des couloirs où je suis repassée quelques fois depuis.
Cela m’a beaucoup chamboulé de penser avec autant d’intensité au père de mon amie, et de lier son expérience à celle de mon père. Je ne sais pas à qui en parler car c’est avant tout son deuil et sa souffrance aujourd’hui, mais je souffre quand même à ma façon.
Je vous remercie par avance si vous êtes arrivés jusque là et je pense fort à tous les malades qui luttent ou qui se sont éteints. Si vous pouvez avoir ne serait-ce qu’une pensée ou faire une petite prière pour le père de mon amie je vous en serais très reconnaissante.
Merci