Bonsoir Maria,
Le rôle de l'accompagnant est très difficile parce que, comme vous le dîtes, vous ne vous sentez pas autorisée à vous plaindre, à avoir peur, à être en colère, parce que vous, vous êtes en bonne santé et vous culpabilisez. Je crois que c'est assez "normal" comme réaction, mais, pour avoir été et accompagnante, et ensuite malade, je dois vous dire que je trouve plus difficile d'être accompagnant que malade.
Quand on est malade : on n'a pas le choix. On n'est pas franchement courageux, mais, quel choix avons-nous ? Ne rien faire et attendre la mort -car je ne connais personne qui ait guéri spontanément d'un cancer ?- ou suivre les traitements qu'on nous propose et faire confiance à ses médecins (tout en faisant une petite prière là-haut quand même ; ça peut pas faire de mal 😊).
Et puis notre cerveau est curieux : il adore les films catastrophes, alors plutôt que de penser aux trains qui arrivent à l'heure, il préfère se donner les frissons en imaginant des scénarri plus horribles les uns que les autres. C'est peut-être parce que comme ça on supporte mieux la réalité qui est souvent, et très souvent, bien plus soft que les images que notre cerveau projette sur l'écran de nos nuits blanches !
Essayez de vivre l'instant présent, de profiter de tout ce que la vie a à vous offrir à vous et à votre Papa : ne pensez pas au mariage (si ça se trouve vous allez rester célibataire 😂), à Noël, à la Saint ceci et à l'anniversaire de machin. Personne ne connaît l'avenir, alors, vivez le présent : il est là, à portée de main.
Et revenez nous donner de vos nouvelles si vous le voulez !
Bonjour,
J’ai longtemps hésité avant de poster ce message, par peur, avant de me dire « qui de mieux pour comprendre mes appréhensions et mon chagrin ? ». Mon papa a été diagnostiqué il y a quelques mois d’un cancer du pancréas stade 4 avec plusieurs métastases au foie. Sa maladie a été découverte sur ce qui devait être un examen de contrôle, et en une fraction de seconde le ciel au dessus de nous s’est assombri. Après une série d’examens, il a été révélé que le cancer n’était pas opérable. Encore un coup dur. Depuis nous vivons au jour le jour. Mon père a commencé ses séances de chimiothérapie et se montre incroyablement fort. Et sa force nous empêche de tomber nous, sa famille. Sa force nous empêche de verbaliser nos peurs, de se sentir mal suite à ce diagnostic. Car si mon père, malgré la maladie, reste fort alors nous n’avons pas le droit de craquer. Mais je n’arrête pas de me demander : quel âge vais-je avoir le jour où mon père ne sera plus là pour me voir grandir ? 27 ? 30 si nous sommes chanceux ? est-ce que mon père sera celui qui m’accompagnera à l’autel le jour de mon mariage ? va-t-il pouvoir connaître mes enfants ? Au final le plus dur ce n’est pas de se demander si les derniers grands moments sont les derniers : dernière fête des pères ? dernier noël ? mais plutôt d’imaginer, de manière égoïste, tous les moments où il ne sera peut être pas là. Alors voilà, je lance cette bouteille à la mer et cette question : comment faites-vous ? avez-vous déjà ressenti ce type de sentiments ? comment avez-vous fait pour les surmonter ?
Un immense merci.