Comment se protéger quand son conjoint est malade

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Virgie

Bonsoir
J'ai lu de nombreux témoignages avant de me décider à écrire ce post. Je vais essayer de faire court mais réaliste sur la situation que nous traversons. Anciens collègues de travail, j'ai retrouvé mon conjoint grace à sa fille avec qui je mangeais souvent. Je venais de divorcer pour la 2ème fois (eh oui parfois on est pas chanceux en amour, aux jeux non plus d'ailleurs). Il m'a aidé à remonter doucement la pente et nous avons entamé une relation. Très vite, malgré quelques soucis "techniques" dûs à son âge (70 et mois 55) , je me suis attachée à cet homme et avons décidé de vivre ensemble au bout d'un an. Nous avons vendu nos maisons, acheté une en commun. 2 mois plus tard, alors que tout semblait allait pour le mieux un examen de routine suivi d'un cliché radiographique puis une biopsie le verdict est tombé : Cancer des reins, métastasé aux poumons et aux os. L'oncologue a été très honnête et nous a demandé si on souhaitait connaître le pronostic : 4 ans/5 ans avec traitement.
Je lis au fil des échanges, le choc, le cataclisme qui se déverse sur vous au moment où l'on apprend la maladie de l'autre. J'ai accompagné ma mère, 2 ans plus tard mon père et 4 ans plus tard mon plus jeune frère tous les trois nous ont quitté. Ce mot a été pour moi comme une gifle, une injustice de plus. Sur le moment je n'ai pas pensé à lui, c'est dur à dire, mais je me suis dit : Pourquoi cela m'arrive-t-il encore, 2 mariages, et là l'homme avec qui je refais ma vie va mourir. Lui a été très fort, mais il ne montre jamais ses émotions. Afin de préparer l'après, il m'a demandé de l'épouser ce que nous avons fait en septembre 2019. Eh oui nous sommes de jeunes mariés.
Depuis 2 ans que cette foutue maladie s'est incrustée dans nos vies, car oui elle n'atteint pas que le malade, mais également les proches, j'ai l'impression de ne plus avoir de vie. Je n'arrive plus à me projeter dans quoique ce soit. Je me couche tard pour avoir l'impression d'avoir du temps, alors que lui va se coucher très tôt car fatigué de plus en plus. La maladie a déjà marqué son visage et son corps. Il a perdu plus de 20 kg en 1 an 1/2. Et lorsqu'il dort je n'arrive pas à regarder son visage. C'est trop dur, trop de souvenirs qui remontent. J'ai honte de ressentir cela mais je n'y arrive pas, alors je me couche tard, ainsi je ne vois pas. Nous n'avons plus de relations intimes (qui n'étaient déjà pas très présentes) depuis de très nombreux mois et j'ai l'impression que ma vie s'est arrêtée. Nous avons chacun 2 filles, les siennes sont dans le déni et continue à faire comme si tout allait bien. A aucun moment elles ne se demandent comment je vis tout ça non plus. Les miennes sont plus touchées car elle voit l'état psychique qui est le mien et s'inquiètent pour moi (mon 2ème divorce m'a valu 2 mois d'hôpital suite à un acte désespéré). A vrai dire, j'ai passé des moment à me dire : Qu'est-ce que tu fais là, c'est quoi cette vie, pourquoi tu restes... J'ai l'impression d'être un monstre. Je n'ai pas vraiment un réseau d'amis très grand, je n'ai pas de moments à moi, je ne suis jamais arrivée à me consacrer du temps. Je me sens totalement perdue entre ma compassion, ma tristesse et ma colère. J'en arrive aussi parfois à m'énerver quand il reste des heures assis sur la banquette à regarder son portable, quand il met un moment à se lever, bref quand je vois ce que la maladie a fait de lui. Parfois il me demande si je l'aime toujours alors je me sens coupable.
Ah j'oubliais de préciser que je souffre de grosses crises d'angoisses depuis plus de 20 ans, donc elles sont là maintenant avec moi, moi mes angoisses, lui son cancer. Chacun son enfer...
Je ne sais plus où est ma place, et si je suis capable de l'accompagner jusqu'au bout.
Désolée d'avoir été si longue, et n'avoir parlé que de moi, mais il y a des mois de silence dans ces lignes et j'espère que vous me comprendrez.
Merci

Souricette

Virgie, Je viens de recevoir un uppercut en vous lisant. Vous arrivez très bien à mettre en mots ce que vous ressentez et votre vision est claire, sans concession et très honnête. J'aimerais vous connaître et être votre amie. Votre parcours est tellement difficile que l'on peut se demander en effet comment vous tenez encore debout. Je pense que votre initiative de ce matin est la bonne. Vous avez osé exprimer ce que vous ressentez. C'est bien, mais je crois que vous devriez pouvoir vous exprimer oralement, peut-être dans un groupe de paroles pour aidants ou un truc dans le genre. Vous n'avez pas à vous sentir coupable. Vous avez toujours fait passer les autres avant vous et le temps est peut-être enfin venu de commencer à penser à vous, à vous seule. Il faudrait, si vous en avez la force, que vous vous trouviez un centre d'intérêt, quelque chose rien qu'à vous, qui vous permettrait de vous évader moralement, et aussi de sortir un peu de votre maison. J'aimerais tant pouvoir vous aider, mais je ne peux vous donner que des mots. Cela est-il suffisant ? Je l'espère. Tenez le coup et revenez sur ce forum : il y a plein de gens supers, prêts à vous tendre la main.

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Vévé34

Bonjour Madame,

je vais être tout à fait honnête avec vous car je jetais de temps en temps des coup d'oeil sur le forum sans jamais m'inscrire. C'est suite à votre petit mot que je l'ai fais et spécialement pour vous répondre car je vis la même choses que vous depuis 2 ans. En effet mon compagnon a un cancer du poumon stade 4 avec métastases cérébrales et osseuses et là il se dégrade de jours en jours et je ne peux plus assumer toute seule (aide à la douche etc... ) Je me sens parfois méchante car je l'engueule alors que je sais que ce n'est pas sa faute mais c'est la fatigue et la colère qui a pris le dessus. Je pense même à le placer dans une maison de repos pour plus de sécurité pour lui car il chute souvent et je travaille tous les après midi. Vous voyer je vous comprend et espère avoir de vos nouvelles très bientôt pour pourquoi pas parler ensemble si vous le voulez bien. Courage.

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