Je suis du voyage

On m’a dit que je n’avais pas d’examen complémentaire, vu le classement T1. Trop peu probable qu’il y ait des métastases. Si il y en avait elles seraient indétectables à mon stade…

Vous en pensez quoi ?

Bonjour,

Si la tumeur est strictement intraprostatique, donc sans franchissement de la capsule, la recherche de métastase est inutile. La prostatectomie est sans doute la meilleure option, surtout si les bandelettes vasculonerveuses peuvent être conservées.

Cordialement

Dr Marceau

Salut Elman,

Depuis le temps que tu suspectais quelque chose, te voilà désormais fixé… et j’en suis désolé. Même quand on s’y attend, on espère toujours passer entre les mailles du filet. L’annonce reste un choc, on n’y est jamais vraiment préparé.

Mais tu verras, tout comme nous, et tu peux le lire dans nos nombreux messages ici, tu vas relever ce défi. Haut la main, avec la force et le courage qu’il faut. Et tu vas gagner, j’en suis certain.

Ton stade est très peu avancé : tu as toutes les chances de ton côté. C’est le moment de foncer, d’agir vite et juste, en minimisant les effets. Il y aura sans doute des moments plus durs… alors n’hésite jamais à venir ici pour en parler. On est là aussi pour ça.

Et si tu le souhaites, je pourrai te raconter, en message privé pour ne pas encombrer le fil, comment je suis très vite passé dans un mode «stratégique », quelques jours seulement après l’annonce. L’idée, pour moi, c’était de regarder la maladie droit dans les yeux et de profiter du temps d’avance que j’avais sur elle pour gagner le combat.

C’est toujours en acceptant qu’on arrive le mieux à surmonter. Pas simple, mais plus vite tu y parviens, plus vite tu agis, et plus tu gardes le contrôle.

À toi maintenant, je sais que tu feras partie de ceux qui ne baissent pas les bras. 

Amicalement et sincèrement 

Vincent 

Et bien tu vois on a déjà ce point en commun, moi aussi je n’avais avant cette opération jamais été anesthésié, jamais opéré, on ne fait pas les choses qu’à moitié.

Pour le choix, la confiance joue beaucoup. Déjà ton jeune urologue paraît ouvert, prêt à t’aider, ne pas te forcer, prend en considération évoque les précautions à prendre pour t’épargner le plus possible des effets que l’on connaît et que l’on redoute la ceinture… que de très bons signes.

Sur ce choix on ne peut pas t’aider, à toi de te faire ta propre conviction. 

Bon cheminement, tu vas avancer, prend le temps, respire, aère toi, sors et surtout… continue de vivre.

Bonjour Elman,

Déjà, tu risques d’être surpris par la capacité de ton corps à se surpasser dans ce type d’épreuve, dès lors que tu restes motivé. Et tu l’es, puisque tu t’exprimes ici, à la recherche d’avis, d’expériences, de conseils… avant d’agir.

Cette posture d’homme qui veut comprendre, décider et avancer de manière éclairée est très révélatrice : il y a certes de la peur, et c’est normal, mais surtout une vraie volonté de se battre.

Concernant ta question sur le choix du chirurgien : j’ai la chance, dans mon entourage, de côtoyer plusieurs amis médecins (de spécialités variées), à qui j’avais posé la question sans leur donner de nom. Presque tous, spontanément, m’ont parlé du même urologue, comme étant la référence locale, celui à qui ils confieraient leur propre corps « les yeux fermés » s’ils devaient vivre ce que j’ai traversé.

Ce type de consensus, surtout chez des soignants, m’a beaucoup rassuré… d’autant plus qu’il s’agissait, par chance, de l’urologue que j’avais déjà consulté à l’occasion de mon premier PSA élevé.

Ce n’est bien sûr jamais une garantie absolue (pour preuve, j’ai eu une marge positive qui m’a certainement valu ma récidive 2 ans plus tard), mais cela m’a donné la confiance nécessaire pour poser mes choix avec sérénité.

Tu as raison de t’interroger sur les conditions optimales pour une chirurgie de qualité. L’expérience, la régularité du geste opératoire, mais aussi la capacité du praticien à entendre tes priorités (conservation des bandelettes, fonction érectile, continence…) sont des critères essentiels.

Ce que tu décris de ton urologue, son ouverture d’esprit, sa capacité d’écoute, ses 50 interventions, son côté appliqué, sa volonté de bien faire, l’appui de son confrère plus expérimenté, peut effectivement valoir autant, voire plus, que le geste d’un autre chirurgien plus rodé mais plus expéditif.

Mais c’est ton corps, ton histoire. Tu as pleinement le droit de vouloir un second avis, pourquoi pas auprès de son confrère, comme il te l’a ouvertement proposé avec élégance ?

Tu es à un moment de bascule, pas simple, mais porteur d’élan. Et tu sembles avoir la tête claire pour aborder la suite.

Ce foutu voyage, on ne l’a pas choisi… mais on peut au moins s’entraider pour que le chemin soit un peu moins rude ;)

Bien à toi et avec toi !!

Merci à toi Vincent pour tout ce message. Prendre le temps de rassurer les autres ce n’est pas tjrs ce que l’on a envie de faire après déjà y être passé… on a souvent envie d’oublier… de tourner la page. Tu sais trouver les mots justes. 
J’ai bcp de craintes, ne serait ce que l’opération elle même, certains n’ont déjà pas cette appréhension. Apres le délai me fait aussi peur, je pensais avoir plus temps, mon urologue m’a parlé de juillet, demain quasiment dans ma tête et ça je ne m’y étais pas préparé… un rdv c’est un mois voire 2 mois pour d’autres urologues… du coup si j’attends ces nouveaux rdv l’opération serait plus tard, septembre, octobre…. Sans certitude que le contact soit bon… Certes ma lésion est à l’intérieur mais pas au milieu non plus, c’est peut être prendre un risque d’attendre qu’elle se rapproche du bord au point de risquer une marge positive…. 

Que c’est compliqué, j’ai l’impression d’être dans un monde parallèle…

Je me souviens très bien de ce sentiment de bascule. De cette peur de l’opération, de la sonde urinaire, des séquelles, de la perte irréversible de l’éjaculation… De ce vertige à l’idée de perdre ma virilité.

Tu n’es pas seul et même si tu as l’impression de vivre dans un monde parallèle, tu es encore parfaitement lucide. Ta peur est normale, et ta réflexion est très saine. Tu sauras faire le bon choix, j’en suis convaincu.

Concernant le délai, mon urologue ne m’avait pas mis la pression. Cancer découvert en septembre, il m’avait proposé de passer les fêtes de fin d’année tranquillement, pour une opération en janvier.

Finalement, à la fin, j’ai trouvé le temps long… Avec toutes ces peurs qui tournaient en boucle dans ma tête. Était-ce au final pertinent ? Je me le suis souvent demandé…

À bientôt,