Actions pour les personnes malades

Pourquoi une bonne alimentation est essentielle lorsque l'on parle de cancer ?

À l'occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, la Ligue contre le cancer remet les bienfaits du bon suivi nutritionnel au centre des débats. En effet, 5,4 % des nouveaux cas de cancer seraient directement imputables à une alimentation déséquilibrée. L'impact de la diététique a des conséquences avant la maladie, mais aussi pendant le parcours de soins.

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Journée mondiale de l'alimentation 2025
Titre du bloc 205v

Quelques chiffres

Liste des chiffres-clés

6 420 personnes

ont suivi des ateliers liés à l'alimentation en 2024.

81 comités

proposent ce soin de support en France.

Un soin de support adaptable aux traitements

C’est un fait avéré, scientifiquement maintes fois démontré : une alimentation saine associée à une activité physique régulière diminue les risques de survenue et/ou de récidive de nombreux cancers. 

Au-delà de ce constat, une prise en charge diététique permet de corriger les troubles alimentaires liés à la maladie, de mieux supporter les traitements médicaux et de garder ou retrouver le plaisir de manger.

Quels bénéfices en tirer ?

Les conseils en alimentation peuvent être utiles tout au long du parcours de soin de la personne malade (découvrir l'histoire de Malika) : 

  • pour adapter son alimentation aux traitements,
  • pour mieux tolérer les effets induits par les thérapeutiques anticancéreuses,
  • pour réguler son poids,
  • pour prévenir la dénutrition,
  • pour retrouver le plaisir de manger sainement pendant et après le protocole thérapeutique.

 

À travers des consultations individuelles et/ou des ateliers collectifs, les professionnels de la nutrition apportent une aide personnalisée dans un cadre convivial au sein de la Ligue.

Échange avec Romane Beraud

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Romane BERAUD comité de la Loire

Échange avec Romane Beraud

Diététicienne et coordinatrice parcours de soins après cancer au comité de la Loire.

En quoi la prise en compte d’une bonne alimentation est importante quand on parle de cancer ?

« Aujourd’hui, 40 % des cancers sont évitables par nos comportements individuels. Une alimentation déséquilibrée et une surcharge pondérale (surpoids/obésité) sont des facteurs de risque évitables. Ils sont responsables chacun de 5,4 % des cancers, principalement des cancers digestifs mais aussi du sein ou encore de l’endomètre. Tendre vers une alimentation plus variée, diversifiée, riche en fruits et légumes et en fibres joue un rôle important dans la prévention des cancers. À l’inverse, il sera conseillé de réduire sa consommation d’alcool, de viande rouge et charcuterie et de sel. En veillant à respecter les recommandations nutritionnelles, certains cancers pourraient être évités. »

Quels liens peut-on faire entre conseils en diététique et traitements ?

« Les traitements d’un cancer peuvent être responsables d’effets secondaires induits tels que des nausées, vomissements, troubles digestifs, fatigue, inflammation de la bouche, mucites, etc. L’ensemble de ces effets peuvent favoriser la perte d’appétit et entrainer progressivement une dénutrition. Il est donc important de veiller à limiter ses effets secondaires pour éviter l’apparition d’une perte de poids. On peut conseiller aux patients de fractionner ses repas, d’adapter les cuissons, d’enrichir son alimentation (ajouter du gruyère râpé, un œuf dans une purée, de la viande hachée dans une soupe, etc.), d’adapter les aliments consommés aux effets secondaires identifiés (texture lisse par exemple). »

Quelles sont les actions que vous mettez en place pour rendre ce soin de support incontournable ?

« L’accompagnement nutritionnel doit être proposé aux patients selon leurs besoins, lors de leurs parcours de soins en établissement de soins. Le comité de la Loire propose des soutiens complémentaires aux entretiens individuels proposés en structures hospitalières. Les accompagnements diététiques sont proposés en ville dans nos locaux, hors établissement de soins en collectif, sous format d’atelier participatif. 
Nous sommes porteurs d’un programme d’ETP "Améliorer ma qualité de vie après un cancer" reconnu par l’ARS. Dans ce programme, nous proposons après un bilan éducatif partagé en individuel diverses séances autour notamment de la nutrition. Les patients peuvent participer jusqu’à 5 séances selon leurs besoins et attentes : lien entre alimentation et cancer, idées de repas diversifiés, lecture des étiquettes, etc.

Nous organisons également des ateliers cuisine de façon ponctuelle. Ces ateliers sont proposés à des patients en cours ou fin de traitement. L’objectif est de proposer un temps convivial à travers la réalisation de recettes de cuisine, de répondre à leurs interrogations et de partager ensemble les préparations réalisées. Ces temps de rencontre sont essentiels et très appréciés des patients. Ils se retrouvent le temps d’une matinée et échangent ensemble sur des sujets très diversifiés sans forcément évoquer la maladie. Le comité propose aussi des ateliers pendant les traitements en lien avec les diététiciennes d’établissement ou pas, autour de la réalisation d’une recette. »

Quels sont les retours des personnes malades sur sa nécessité ?

« Les personnes en traitement ou en post-traitement ont besoin d’être rassurées sur les effets secondaires. Ils sont à la recherche de conseils pratiques, rapides qu’ils peuvent mettre en place dans leur quotidien. Lors des ateliers nutrition, les patients sont aussi à la recherche d’échange et souhaitent partager un moment convivial basé sur le plaisir et le partage d’astuces, d’idées recettes, etc. Après un cancer, certains patients souhaitent faire le point sur leurs habitudes alimentaires et ont besoin de faire le tri entre les diverses informations. Ils souhaitent modifier leurs comportements. »

Existe-t-il un risque de dérives sectaires liées aux conseils en diététique ?

« Il me semble important d’être vigilant sur les acteurs qui délivrent les messages nutritionnels. De nombreuses personnes sont référencées comme "coach nutritionnel" sans avoir un diplôme professionnel reconnu comme le diététicien. Il faut rester vigilant aux discours et messages délivrés. En tant que diététicienne, nous sommes en lien avec des patients fragiles. Il est important de cibler leurs besoins et leurs attentes afin de délivrer des conseils personnalisés et surtout adaptés. Il est important de s’assurer que le soin de support autour de l’alimentation soit assuré par un professionnel reconnu, formé et diplômé. »

Tout savoir sur le conseil en diététique

Avec la maladie, il devient parfois difficile de conserver l’appétit et trouver du plaisir à manger. Les conséquences des traitements peuvent s’accompagner de troubles digestifs et des variations importantes du poids. La diététique est une discipline indispensable pour prévenir ces effets tout en gardant une alimentation équilibrée.

La majorité des comités départementaux de la Ligue propose ce soin de support, n'hésitez à contacter le comité le plus proche de chez vous !

L'histoire de Malika

Malika a 50 ans et est infirmière en pédiatrie au CHU de Saint-Etienne. En avril 2024, on lui diagnostique un cancer du sein. Après l'annonce et les traitements, Malika nous raconte son quotidien...

« J’ai fait un premier atelier de soins de support où je suis allée à reculons, et ça m’a ouvert les yeux. À la base, j’y allais parce que je voulais sortir de l’hôpital, je faisais une overdose de l’hôpital et ça me faisait du bien de sortir. Et finalement, la diététicienne m’a informée sur plein de choses. J’ai été agréablement surprise. J’ai rencontré d’autres personnes et échangé avec elles.

Dans ma tête, j’étais encore soignante. L’atelier m’a permis de sortir de ce rôle et de devenir la patiente. On m’a expliqué plein de choses, j’avais l’impression de renaître et de me retrouver, moi ; pas la soignante, pas l’infirmière. Grâce aux ateliers, j’ai pu mettre ce rôle de côté. Grâce à la Ligue et à ces ateliers, j’ai accepté que je savais pas tout, que j’avais besoin d’aide. Le premier rendez-vous avec la Ligue m’a libérée, vraiment.

La diététique, ça a vraiment été mon truc depuis le début. La nutrition m’aidait beaucoup dans mon parcours. Je ne savais plus par quel bout commencer, comment prendre soin de moi. J’ai commencé par un atelier diététique. J’ai trouvé ça formidable et ça a complété ce que je savais. J’ai appris plein de choses. Partager ces ateliers avec d’autres personnes c’est formidable. Ce sont des personnes qui ont d’autres cancers et d’autres difficultés. Ca permet de relativiser. Avant, j’étais focalisée sur moi. Rencontrer des gens ça permet d’être moins stressée, ça permet d’échanger et de partager ses difficultés et ressentis avec les autres et avec les diététiciennes. 

Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est que ce n’est pas de la théorie par cœur. Elles partent vraiment de notre cas et s’adaptent à nos habitudes alimentaires. Ce n’est pas un cours magistral, elles partent vraiment de tes besoins et tes habitudes. Moi, je cuisine beaucoup avec du curcuma et du fenugrec. Elles ne savaient pas ce que c’était et se sont renseignées pour me proposer des ateliers adaptés à mes habitudes de cuisine, avec des conseils adaptés. 

Hors Ligue, j’ai fait de la rééducation sur 3 semaines. Ça m’a redonné confiance en moi, sur mes capacités physiques. C’était important d’être accompagnée par un médecin et un kiné. En septembre, j'ai commencé à suivre l’activité physique adaptée, en pratiquant de l’aquagym et du yoga. 

La sociabilisation permise par ces ateliers est vraiment importante. Ca permet de ne pas rester dans son coin. J’ai aussi suivi un soin socio-esthétique. J’ai vu la socio-esthéticienne parce que j’avais des boutons à cause de la perruque. Elle m’a proposé des soins et des crèmes adaptés. Ca a stoppé les boutons, c’était efficace et utile. 

Les ateliers m’aident, ils me donnent confiance en moi. Je me sens bien quand j’en sors. »

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